L’Expresso – L’Étoile de Bethléem (1956)

Fête du Court-Métrage 2020, jour 3 : les contes animés de Lotte Reiniger.

Salut Billy, et bienvenue au 7ème Café ! Du 25 au 31 mars 2020, c'est la Fête du Court-Métrage dans toute la France ; un évènement annuel destiné à tous, dans le but de faire découvrir ou redécouvrir tout ce que le format court a à offrir au cinéma. Cette année, coronavirus oblige, les projections ont été annulées, mais qu'à cela ne tienne ! Le site de l'évènement a mis en ligne un lecteur qui donne accès gratuitement pendant toute la semaine - et seulement cette semaine - à la sélection. Ce sont donc près de 80 films qui sont à découvrir ! Pour avoir toutes les infos, la programmation et avoir accès au lecteur, rendez-vous sur le site officiel de la Fête du Court-Métrage ou découvre le programme ici.. Pour ma part, ce sera 7 jours, 7 courts, pour une semaine complète d'Expressos de réalisateurs et réalisatrices de talent. Après avoir découvert Alice Guy Blaché hier, voici une autre pionnière du cinéma, d'animation cette fois ! C'est Lotte Reiniger et son Étoile de Bethléem.

Extrait ci-dessous. Le film dans son intégralité est disponible sur le lecteur de l'évènement jusqu'au 31 mars.

Charlotte " Lotte " Reiniger est née en Allemagne quasiment en même temps que le cinéma, en 1899. Tombée amoureuse du cinéma grâce aux films de Georges Méliès, elle se fera embaucher par Paul Wegener, figure majeure du cinéma germanique du début du XXème, et commencera sa carrière comme costumière et accessoiriste. Passionnée d'ombres chinoises et de la technique ancestrale du papier découpé, elle se fera peu à peu la main en animation avec une méthode unique qui influencerait les générations à venir - son premier dessin animé remonte à 1919, quatre ans avant la fondation des studios Disney, et en 1926, elle réalisera le premier long-métrage d'animation de l'Histoire, Les Aventures du Prince Ahmed, onze ans avant Blanche-Neige.

La technique d'animation de Reiniger se base sur de délicates silhouettes découpées dans du carton ou du papier, que la réalisatrice anime à la main image par image sur des arrières-plans peints rétroéclairés. Le spectacle qui en découle nous fait plonger dans un univers merveilleux ; la finesse majestueuse des silhouettes transforme la pellicule en véritable dentelle et les riches décors subliment le tout de couleurs vives et éclatantes. On comprendra alors que Reiniger ait majoritairement utilisé ses doigts de fée pour raconter des contes, à l'instar de Cendrillon, Le Chat Potté ou encore Hansel et Gretel.

L'Étoile de Bethléem est un conte d'un autre genre, tout droit issu de la Bible. L'animatrice redessine le mythe de la Nativité, de la naissance du petit Jésus dans la mangeoire de l'étable jusqu'à l'arrivée des rois mages ; on suit le périple de ces derniers, suivant l'étoile resplendissante dans le ciel, à travers les montagnes, les océans et les déserts dans un parcours semé d'embûches démoniaques (littéralement).

Le dessin animé est un court-métrage magnifique, à l'animation absolument féérique, et à l'histoire magistralement racontée. Les milles périls affrontés par les rois mages, imaginés pour le film, donnent au récit un aspect d'aventure et de grandeur, ne rendant que plus glorieux leur dévouement pieux. L'Étoile de Bethléem est également un court qui peut toucher et émouvoir, soutenu par les voix angéliques d'un chœur religieux.

En parlant d'anges, les apparitions des membres ailés du peuple des cieux, resplendissant de lumière, ne sont pas sans rappeler celles qui parcouraient le tout aussi magnifique et spirituel Jeanne d'Arc de Georges Méliès. On retiendra notamment cet extraordinaire plan final du panorama de Bethléem, avec en son centre l'étable sainte surplombée de l'orchestre des cieux et de cette fameuse étoile éponyme qui ne cesse de briller de son éclat immortel. " Noël ! Noël ! " chante le chœur ; il est né le divin enfant !

Pour aller plus loin, voici un article fascinant sur ce court-métrage et comment il fut réalisé (en anglais) ! Pour retrouver les autres critiques publiées à l'occasion de la Fête du Court-Métrage 2020, clique ici !

- Arthur