Magazine Cinéma

L’Expresso – Le Moine et le Poisson (1994)

Par Le7cafe @le7cafe

Fête du Court-Métrage 2020, jour 4 : au fil de l'eau.

Salut Billy, et bienvenue au 7ème Café ! Du 25 au 31 mars 2020, c'est la Fête du Court-Métrage dans toute la France ; un évènement annuel destiné à tous, dans le but de faire découvrir ou redécouvrir tout ce que le format court a à offrir au cinéma. Cette année, coronavirus oblige, les projections ont été annulées, mais qu'à cela ne tienne ! Le site de l'évènement a mis en ligne un lecteur qui donne accès gratuitement pendant toute la semaine - et seulement cette semaine - à la sélection. Ce sont donc près de 80 films qui sont à découvrir ! Pour avoir toutes les infos, la programmation et avoir accès au lecteur, rendez-vous sur le site officiel de la Fête du Court-Métrage ou découvre le programme ici.. Pour ma part, ce sera 7 jours, 7 courts, pour une semaine complète d'Expressos de réalisateurs et réalisatrices de talent. On reste dans l'animation après les ombres chinoises de Lotte Reiniger ; voici Michaël Dudok de Wit et Le Moine et le Poisson !

C'est l'histoire d'un moine dans une petite abbaye de style provençal, qui fait la rencontre fortuite d'un petit poisson dans un réservoir d'eau non loin de son lieu de retraite. Dès lors, il développe une obsession irrépressible pour le poisson, et tente de le pêcher par des moyens toujours plus saugrenus - jusqu'à un arc et des flèches, tout de même - en vain.

Le court-métrage de Michaël Dudok de Wit est une petite perle d'animation, récompensée au milieu des années 90 par un César du Meilleur Court-Métrage et une nomination à l'Oscar du Meilleur Court-Métrage d'Animation. L'univers visuel du film est tout bonnement ravissant, avec des traits sublimes à l'encre de Chine et des couleurs légères à l'aquarelle, où l'ocre et l'azur se mêlent et contrastent à merveille dans une palette réduite, minimaliste mais complémentaire.

Il y a quelque chose de très serein, très paisible dans Le Moine et le Poisson, un calme ambiant propice à la contemplation uniquement troublé par les frasques de ce poisson sautillant qui empêche le moine de dormir ou de méditer tranquillement la Bible. C'est d'autant plus mis en valeur par la musique délicieuse de Serge Besset et sa réinterprétation magistrale de La Folia, une célèbre mélodie classique reprise par des dizaines de compositeurs majeurs depuis le XVIIème comme Lully, Corelli ou Vivaldi. Les traits dansent au rythme des notes de musique pour notre plus grand plaisir.

Si l'on pourrait considérer au premier abord le court-métrage comme un film pour enfants au titre tout droit tiré d'une fable de La Fontaine, il possède aussi de subtiles nuances spirituelles. L'Église, de prime abord, par le personnage du moine et le lieu de l'histoire, mais aussi par la figure du poisson qui est un des symboles représentant Jésus Christ dans la religion catholique - on parle alors d'ichthus. On peut ainsi lire dans la quête éperdue de ce frère cistercien une crise de foi (et non de foie) où il cherche à se rapprocher de Dieu, pour finir en communion avec lui dans les dernières secondes. Cependant, l'œuvre porte aussi l'influence d'une spiritualité orientale avec le grand dénuement stylistique et l'idée du yin et du yang incarnée par les deux protagonistes, contraires mais complémentaires.

En bref, Le Moine et le Poisson est un régal pour les yeux, les oreilles et l'esprit. Que demander de plus ?

Pour retrouver les autres critiques publiées à l'occasion de la Fête du Court-Métrage 2020, clique ici !

- Arthur


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Le7cafe 77 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines