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Le navire Arthur, et autres essais, de Gérard Macé (éd. Arléa)

Publié le 30 mars 2020 par Onarretetout

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Achevé d’imprimé le 9 janvier 2020, ce livre de Gérard Macé fait l’objet d’un dépôt légal en mars. Quelques jours avant le début du confinement en France. Il réunit plusieurs textes traitant d’épidémies et d’hygiénisme. La quatrième de couverture précise : « Les déchets s’accumulent, la menace écologique est majeure et les maladies refont surface. »

En 1820 (le trottoir n’est apparu dans l’actuelle rue de l’Odéon à Paris qu’en 1802), on ne connaît pas encore les microbes. Le premier médecin que nous y rencontrons se nomme Parent-Duchâtelet, il va enquêter à Paris, dans les cloaques et les égouts, allant même jusqu’à goûter l’eau de la Bièvre. Il expliquera pourquoi un navire nommé Arthur, chargé à Rouen d’une espèce d’engrais fabriqué à partir de matière fécale, est arrivé à la Guadeloupe, la moitié de l’équipage étant mort et l’autre moitié dans un état de santé déplorable. L’enquête nous fait découvrir ce Paris d’il y a deux siècles, ses odeurs et les pyramides d’excréments de Montfaucon… Il faut résoudre la question : que faire de nos déchets, nos déjections ? 

Alain Proust, père de Marcel, était médecin. Il a publié en 1897 La Défense de l’Europe contre la peste. Car cette épidémie « sévit encore partout où le manque d’hygiène et la promiscuité favorisent la contagion ». Il se fait historien, et même historien de l’art, analysant entre autres cette toile de Mignard montrant Bonaparte touchant un malade… Cet essai de Gérard Macé se conclut par un paragraphe où il dit : « c’est le monde de la Recherche (La recherche du temps perdu, de Marcel Proust) qui surgit devant nos yeux, le monde de la littérature et de l’art à l’abri des vraies tempêtes et des maladies contagieuses ».

Le troisième médecin dont il est question dans l’essai suivant, c’est le Docteur Destouches, c’est-à-dire Ferdinand Céline. Médecin des pauvres, dit-on, alors qu’il n’avait pas de clientèle, affirme l'auteur. Gérard Macé ne s’encombre pas des louanges « littéraires » qui prétendent qu’il faut séparer l’oeuvre de l’homme. Il démontre comment le discours hygiéniste de Céline devient un discours visant à chasser de la société ceux qu’il méprise, « les basses races ». « Antisémite, nombriliste et lâche », il n’aura pas, sous la plume de Gérard Macé l’auréole de « grand écrivain », mais le qualificatif de « charlatan ». Et ces pages ont pour titre Merde à Céline.

(à suivre)


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