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[Critique] VIVARIUM

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] VIVARIUM

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Titre original : Vivarium

Note:
★
★
★
★
☆

Origines : Irlande/Belgique/États-Unis

Réalisateur : Lorcan Finnegan

Distribution : Imogen Poots, Jesse Eisenberg, Jonathan Aris…

Genre : Fantastique

Durée : 1h38

Date de sortie : 11 mars 2020

Le Pitch :

Un jeune couple en recherche d’une première maison visite un lotissement plutôt étrange en compagnie d’un agent immobilier un peu fantasque. Une bâtisse aseptisée qui ressemble à toutes les autres du quartier. Désireux de partir au plus vite, peu convaincu, le couple s’aperçoit rapidement qu’il semble impossible de s’échapper de ce lotissement…

La Critique de Vivarium :

La sortie de Vivarium est intervenue quelques jours avant le début du confinement. Un film dans lequel il est question d’un couple qui est confiné de force dans une sorte de lotissement infernal un peu similaire à la prison en plein-air de Patrick McGoohan de la série culte Le Prisonnier. Si ce n’est qu’ici, dans cet enfer résidentiel, la femme et l’homme sont seuls. Des centaines, voire des milliers de maisons, et personne d’autre. Angoissant. Surtout en ce moment où la détresse des deux personnages nous renvoie un peu à la notre…

Bulle verte

Particulièrement bien choisi, le titre du film, Vivarium, évoque donc ce lotissement aux maisonnées vertes, dans lequel est condamné à évoluer un jeune couple. Une institutrice et un jardinier à la recherche d’une maison parfaite, pris au piège par un agent immobilier flippant, dans un quartier déserté de toute vie humaine, sous des nuages factices, sans autre perspective d’avenir que celle de manger tout le temps la même bouffe sans goût et d’élever un gamin lui aussi effrayant sorti d’une boite. Car oui, au bout d’un moment, un gosse fait son entrée dans l’existence du couple… Comme pour souligner la métaphore de la vie moderne, prisonnière de bien des façons d’une routine inexorable dans un environnement calibré pour répondre à toutes les exigences, sans audace. Le script de Vivarium extrapolant à l’extrême, en faisant intervenir le fantastique, des attaches bien réelles, comme l’obligation de rembourser un crédit ou encore celle de se voir bloqué dans une vie qui parfois, peut se montrer plus qu’à son tour stressante. La pression sociale étant réduite ici à son expression la plus stricte mais aussi la plus extrême : un enfant pas spécialement désiré intervient pour répondre à une convention bien établie, le couple est poussé dans ses derniers retranchements, le travail se résume à la bonne tenue d’une maison de plus en plus anxiogène et aucune fuite n’est possible…

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Cinquième dimension

Avec son script à concept évoquant les belles heures de La Quatrième Dimension, Vivarium aurait pu rapidement tourner en rond. De telles idées convenant bien souvent davantage au format court. Pour autant, c’est tout le contraire qui se produit tant le scénario de Garret Shanley sait rebondir en permanence, organisant une lente mais implacable descente aux enfers, tandis que le réalisateur Lorcan Finnegan explose ses idées de manière à renforcer le malaise grâce à une mise en scène inventive mais pas tape-à-l’œil. Le fantastique s’immisçant peu à peu dans la vie de ce couple infortuné jusqu’au climax, cauchemardesque, kafkaïen au possible et résolument effrayant. Pas à la manière des films d’horreur classiques mais plutôt comme si les pires angoisses se transformaient tout à coup en monstres amenés à régner dans un monde qu’ils se sont échinés à façonner selon leurs perfides standards.

Il était une fois la banlieue

Très intriguant dans son premier tiers, Vivarium sait tenir les promesses de son postulat séduisant. Les comédiens tenant la barre tout du long sans défaillir. Lorcan Finnegan exploitant l’alchimie évidente qui existe entre Imogen Poots et Jesse Eisenberg, en leur laissant en permanence une marge de manœuvre suffisante. Comme toujours impeccable, Imogen Poots donne la réplique à un Jesse Eisenberg tout en retenue, hors de sa zone de confort. Les grands yeux bleus de l’actrice exprimant, avec une belle économie de moyens, une détresse palpable, de plus en plus présente alors que se referment les portes de cet enfer vert à géométrie cruellement variable. Peut-être parfois un peu opaque, Vivarium sait néanmoins se montrer efficace sur la longueur. Inventif aussi et oppressant. Un film plus riche qu’il n’y paraît qui incite de plus à la réflexion sans trop se montrer roublard. C’est rare.

En Bref…

Franche réussite, Vivarium cache sous sa modestie apparente un vrai discours, pertinent et actuel. Porté par les performances viscérales d’Imogen Poots et Jesse Eisenberg, il traduit une détresse palpable et sait s’approprier ses références pour sans cesse accentuer une pression amenée à exploser lors d’un final certes classique mais efficace.

@ Gilles Rolland

Vivarium-Imogen-Poots
Crédits photos : The Jokers/Les Bookmakers

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