Connaissez-vous les pages de recommandations par genre sur Babelio ? Chaque jour, l’équipe du site trie et sélectionne les livres les plus appréciés des Babelionautes pour vous faire découvrir des parutions récentes, agrémentées d’une critique de lecteur. Et chaque semaine nous vous proposons désormais sur le blog de retrouver une liste de dix ouvrages, soit un par catégorie, afin de suivre l’actualité littéraire au plus près.
Littérature française : Emmanuel Ruben, Sur la route du Danube (Rivages poche)
Publié en mars 2019, le dixième livre d’Emmanuel Ruben se voit repris au format poche début avril 2020. Un format idéal pour suivre les traces de l’auteur et d’un ami avec lequel il a parcouru 4 000 kilomètres à vélo, d’Odessa à Strasbourg. Une aventure à contre-courant (au sens propre) sur les rives du Danube, pour raconter l’histoire du continent Europe, et rencontrer les populations y vivant aujourd’hui.
Voilà qui a bien emballé MarcoPolo85 : « Vous, qui voulez arpenter les presque 2 900 kilomètres de ce grand fleuve, n’oubliez pas de mettre dans vos sacoches du Ruben. Et les autres, comme moi, qui ne feront pas ce périple, n’hésitez pas à dévorer Sur la route du Danube, car là vous allez goûter à ce « pays mouvant, sans racines, sans mémoire, sans identité, sans idéologie, un archipel inachevé… » »
Littérature étrangère : Salvatore Scibona, Le Volontaire (Christian Bourgois)
Avec une note moyenne aussi bonne (4,5/5), difficile de passer à côté du deuxième roman de l’Américain Salvatore Scibona traduit en français par Eric Chédaille, joli pavé de 448 pages au propos non moins épais. Tout commence par l’abandon d’un enfant letton à l’aéroport d’Hambourg. Mais bien vite, des années 1960 à aujourd’hui, du Vietnam au Nouveau-Mexique en passant par le Queens, se dessine une histoire à la fois dense, énigmatique et pleine d’humour pour évoquer les relations filiales et la vie de ses protagonistes.
Voici ce qu’en dit Givry dans sa critique : « Rares sont les livres avec une si bonne histoire et un héros pareil. Pour aller plus loin, cette fiction amène à réfléchir sur la filiation, la place de l’argent, l’absurdité de la guerre, le besoin d’amour… Scibona s’amuse parfois à changer son style en fonction de la situation, à nous offrir des dialogues surréalistes. En bref, c’est brillant et plein d’humour. Rêve de lectrice. »
Polar et thriller : Eva Dolan, Les Oubliés de Londres (Liana Lévi)
Polar, thriller, roman policier, roman noir : peu importe l’étiquette qu’on lui accole, puisque le dernier livre en date d’Eva Dolan (traduit par Lise Garon) a visiblement de quoi nous faire retenir notre souffle – et surtout nous permettre d’enfin découvrir l’auteure anglaise, lauréate du Grand Prix des lectrices Elle en 2018 pour Les Chemins de la haine. Jugez plutôt : alors qu’elles fêtent la sortie de leur livre dans un immeuble à moitié occupé, Hella (écrivaine) et Molly (photographe) tombent sur un cadavre dont elles décident de se débarrasser. A travers des flashbacks, on découvre alors le passé de ces deux femmes, dont l’une dit avoir été victime du macchabée. Soit une plongée dans les quartiers populaires de Londres, sur fond de spéculation immobilière et d’intrigues psychologiques.
Une lecture qui a emballé Bazart : « Deux formidables portraits de femmes, une vraie étude sociologique et politique d’une ville dans son époque : une intrigue déjà alléchante sans compter la construction romanesque diabolique et complètement addictive. »
Bande dessinée : Martin Quenehen (scénario) et Bastien Vivès (dessin), Quatorze Juillet (Casterman)
Après s’être fait un nom ces dernières années avec des albums comme Polina, Le Goût du chlore ou Une sœur, le très prolifique Bastien Vivès revient sur les planches (de BD) accompagné cette fois de l’auteur/scénariste Martin Quenehen. Les deux auteurs ont choisi le Vercors comme cadre de l’histoire, pour parler d’une France traumatisée par le terrorisme et soulever de nombreuses interrogations contemporaines. Jimmy, un jeune gendarme, rencontre Vincent et sa fille Lisa, alors que ces derniers débarquent dans la région suite au décès de leur femme/mère dans un attentat. Alors qu’il prépare son examen d’officier, Jimmy va être obsédé par l’idée de protéger ces nouveaux arrivants, persuadé qu’une nouvelle attaque terroriste est imminente…
Une BD au final paraît-il tout à fait surprenant, et qui a largement convaincu PtitVincent : « Une bande dessinée totalement maîtrisée, qui emmène le lecteur dans le quotidien de gendarmes, dans une France profonde traumatisée par les attentats, mais aussi une population aux relents racistes avec une banlieue, proche et pourtant inconnue de la plupart, synonyme de peur et d’inquiétudes. »
Manga : Aoki Kotomi, Don’t Fake Your Smile tome 1 (Akata)
L’éditeur de mangas Akata est souvent décrit comme « engagé » ou « militant ». Et de fait, les titres que l’on trouve à son catalogue traitent très souvent par la fiction de sujets de société largement débattus actuellement, comme l’homosexualité, le polyamour, la dépression adolescente, le handicap, etc. (lire notre interview de Bruno Pham ici pour en savoir plus). Le premier tome de Don’t Fake Your Smile d’Aoki Kotomi (traduit par Jordan Sinnes) s’inscrit dans cette continuité éditoriale, avec l’histoire d’une adolescente agressé sexuellement, Niji, et des répercussions sur sa vie quotidienne et son entourage – et notamment un garçon amoureux d’elle.
La Babelionaute Marlene_lmedml nous a en tout cas donné envie de nous pencher sur cette série : « Ce premier opus est excellent. On s’attache très rapidement à Gaku, Niji et Hiyori. Gaku est amoureux de Niji en secret et les événements de ce tome vont bouleverser l’univers de nos trois héros. Le coup de crayon de la mangaka est subtil, tout en finesse. Il y a peu de dialogues et les illustrations parlent d’elles-mêmes. »
Jeunesse : Dan Gemeinhart, L’Incroyable Voyage de Coyote Sunrise (Pocket Jeunesse)
Bon, et si on sortait du confinement quelques heures, pour un road trip aux Etats-Unis avec Coyote et son père Rodeo ?! Allez hop, embarquons dans le bus scolaire dans lequel ils vivent à l’année, pour traverser le pays à toute vitesse, urgence oblige : Coyote veut sauver le parc de son enfance, menacé de destruction. Problème : son père s’est juré de ne jamais retourner sur les lieux de son passé douloureux…
Le deuxième roman de Dan Gemeinhart (traduit en français par Catherine Nabokov) semble confirmer le talent que Colibrille avait décelé en lisant son précédent livre jeunesse : « Ce roman est beaucoup de choses : un road trip un brin loufoque, une aventure humaine touchante, un voyage de résilience émouvant. C’est tout simplement une belle histoire et rien que pour ça, il veut la peine d’être lu ! »
Jeune adulte : Eléonore Devillepoix, La Ville sans vent tome 1 (Hachette romans)
Vous prendrez bien un peu de fantasy ? Car dès la couverture, on sait que le premier livre d’Eléonore Devillepoix va nous emporter loin dans l’imaginaire. « Vous êtes ici » donc, dans la ville d’Hyperborée, alors que le mentor de Lastyanax vient d’être assassiné. Notre jeune mage de 19 ans va tout faire pour retrouver le coupable, aidé d’Arka, une guerrière intrépide qui cherche son père.
De quoi émerveiller Milie-Baker : « Un suspense prenant, construit astucieusement dès le premier chapitre et qui nous tient en haleine jusqu’aux dernières pages. Une ville où se trament les pires complots et les pires ruses en secret par les mages, dans le but de gagner toujours plus de pouvoir. Excellent ! »
Imaginaire : Olga Ravn, Les Employés (La Peuplade)
Pour les amateurs de science-fiction pure et dure, un livre se dégage des critiques de lecteurs cette semaine : ce premier roman traduit (son second en VO) de la poétesse, journaliste et traductrice danoise Olga Ravn, qui développe ici un univers tout à fait singulier. Voici ce qu’en dit l’éditeur : « A des millions de kilomètres de la Terre, des employés travaillent sur le vaisseau d’une puissante compagnie. Il y a les humains et il y a les ressemblants. Ceux qui ont été enfantés et ceux qui ont été créés. Ceux qui vont mourir et ceux qui ne mourront pas. Une commission compile une série de témoignages au sujet des relations et de la production à bord du vaisseau où l’activité consiste souvent à surveiller d’étranges objets bourdonnants, qui améliorent l’humeur, fécondent les rêves et hallucinent les consciences. »
Il n’en fallait pas plus pour séduire le très expert JustAWord : « Aussi froid et radical que dense et déroutant, Les Employés invite le lecteur à une balade intergalactique d’une originalité renversante et bien souvent hermétique. Olga Ravn trouve pourtant dans cette épopée spatiale le chaînon manquant entre Solaris et 2001 où l’art sert à définir l’homme et non l’inverse. Fascinant jusqu’au bout des angles. »
Roman d’amour : Katy Evans, Fight for Love : Racer (Hugo Roman)
Ne vous méprenez surtout pas : malgré sa couverture assez olé-olé, il s’agit bien ici d’un roman d’AMOUR (ce qui n’empêche pas un langoureux câlin jean contre mini-short sur le capot d’un bolide rutilant, me direz-vous). Il s’agit ici en fait d’un spin off de la série à succès Fight For Love de l’Américaine Katy Evans, dans lequel on découvre Lana, patronne d’une petite écurie de Formule 1 qui va recruter un pilote mystérieux et sexy : Racer – en fait le fils de Remi, héros d’autres tomes de la série, et qui comme lui souffre de bipolarité. Alors, l’amour triomphera-t-il ?
Luxnbooks dit un grand « OUI » dans sa critique : « J’ai tellement aimé l’alchimie entre les personnages, et chaque scène est plus intense que la précédente. On a un bon équilibre entre une romance légère avec une pointe d’humour, tout en mettent en avant des sujets tel que la maladie, le deuil ou encore le besoin d’être aimé. »
Non-fiction : Emmanuelle Richard, Les Corps abstinents (Flammarion)
Changement total d’ambiance par rapport au livre précédent, avec cette fois cet essai d’Emmanuelle Richard sur l’abstinence sexuelle. Un sujet que la romancière (et désormais essayiste) connaît bien pour avoir largement enquêté sur le sujet, mais aussi (non-)pratiqué elle-même durant 5 ans. Une question encore assez taboue abordée via les témoignages de près de quarante personnes s’étant confiées à l’auteure, loin des stéréotypes et des idées approximatives. Et bien sûr, si le sexe reste le sujet principal, l’amour n’est jamais loin.
Une lecture tout à fait convaincante selon puchkina : « Avec tact et sensibilité, l’autrice nous raconte son parcours personnel et les destins de ces dizaines d’anonymes qui ont bien voulu se confier sur leur intimité, quelquefois sur leur incapacité, l’absence ou l’intermittence de la libido, le recours à la masturbation, la séparation ou pas de l’amour et de la sexualité, le couple. »