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Quand traduire c’est surtout trahir

Publié le 06 avril 2020 par Stéphan @interpretelsf

L’épidémie de Coronavirus a permis à de nombreux gouvernements d’adopter de bonnes pratiques en faisant appel à des interprètes en langue des signes pour traduire leur prises de parole.

La France en ce domaine est un excellent exemple, nous y reviendrons prochainement.

Hélas, tout n’est pas parfait et récemment un article du journal L’Union intitulait un de ses articles : « Coronavirus – A Châlons, découvrez qui est la traductrice en langue des signes des discours de la Ville ».
Pour être honnête nous aurions préférer ne pas la découvrir.

Extrait :

  • « Elle vit à Châlons où elle a grandi et travaille en tant qu’assistante juridique, actuellement en télétravail.
  • Quand elle a vu que le maire de Châlons faisait des retransmissions face caméra de ses conférences de presse « spécial confinement », elle s’est portée volontaire spontanément.
  • Cette première expérience, notamment improvisée, lui donne l’impression d’être utile.
  • Un mot lui a notamment posé problème, c’est « évolution », pas évident à traduire. Pour le reste, « confinement », « masque » ou « quarantaine », Sophie Renard a pu réviser grâce aux réseaux sociaux. »

Vous pouvez accéder à l’article complet ici : https://www.lunion.fr/id143437/article/2020-04-04/coronavirus-chalons-decouvrez-qui-est-la-traductrice-en-langue-des-signes-des

Inutile de vous dire que le résultat de sa traduction est catastrophique, ca n’a aucun sens.

Pour que chacun puisse s’en rendre compte et comme nous avions un peu de temps à cause du confinement, nous avons traduit et sous-titré sa prestation.

Soyons clair : L’objectif n’est pas de se moquer (un peu quand même) mais de souligner qu’on ne s’improvise pas interprète en langue des signes. C’est un métier qui s’apprend (5 années d’études) et avoir un bon niveau en langue des signes est une condition nécessaire mais pas suffisante pour devenir interprète.
Par exemple, une personne entendante enfant de parents sourds signeurs a pour langue naturelle la LSF (on appelle ces personnes CODA pour Children of Deaf Adults). Mais sa seule filiation, son héritage linguistique ne lui permet pas de s’auto-proclamer interprète F-LSF sinon un fils de plombier serait naturellement un as de la robinetterie, la fille d’un chirurgien émérite pourrait opérer sans avoir suivi des études de médecine et le fils du voisin qui est pilote de ligne serait embauché par Air France après avoir eu son baccalauréat (ou pas). £
Comme pour chaque métier il faut faire l’effort d’apprendre la théorie (le code déontologique par exemple), la pratique (les stratégies d’interprétation) en plus de parfaire son expression en LSF et en français (voire une 3ème langue).
De plus, de longues périodes de stages pratiques auprès d’interprètes diplômés permettent d’acquérir les bases de ce métier passionnant.

Quant à Monsieur Apparu il devrait faire attention et savoir s’entourer de personnes professionnelles, compétentes et bien sur diplômés pour le metier qu’elles exercent.


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