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Une vie pour rien

Publié le 08 avril 2020 par Adtraviata

pour rien

Quatrième de couverture :

Un soir d’hiver, Christian, jeune homme seul et blessé, porte secours à Mathilde dans une rue de Liège. Elle a près de quatre-vingts ans et n’est plus qu’une ombre parmi les vivants. De cette rencontre improbable va naître une histoire d’amitié et de tendresse qui les transformera et rendra à leur vie le sens qu’elle avait perdu.

Au début de l’histoire, le narrateur de ce court roman (138 pages) s’est séparé de sa compagne quelques mois auparavant et il a perdu le goût de la vie, il subit les choses comme dans un entre-deux grisâtre. Après cinq mois de marasme, le hasard le fait se porter volontaire pour assurer une permanence une fois par semaine dans un abri de nuit pour personnes sans abri. Une expérience qui va le faire sortir un peu de sa dépression et qui sera, avec le recul, déterminante.

« (…)outre qu’elle m’a permis de déposer par intermittence mon fardeau, la compagnie des sans-abri a fait tomber mes défenses de petit-bourgeois conventionnel et apeuré. Grâce à elle, j’ai pu aller vers les autres, tous les autres, sans préjugé, et ne plus voir en eux que l' »homme nu », pour reprendre les mots chers à Simenon.

Bref, ce que je veux dire, c’est que, si je n’avais pas côtoyé les sans-abri, je n’aurais probablement pas été assez libre pour aller vers Mathilde, et les pages qui suivent, je n’aurais pas été capable de les écrire. »

Le narrateur rencontre par hasard Mathilde un matin d’hiver, il rend service à cette vieille dame fatiguée et isolée que personne ne remarque dans le quartier liégeois où elle habite. Intrigué par la solitude extrême qu’il ressent chez cette femme, il revient la voir et une relation se noue peu à peu entre elle et lui : il lui tient compagnie, il lui rend quelques services, elle lui offre du café et lui raconte sa vie : son enfance dans une auberge de village dans le Nord de la France, la mort de son père lors de la guerre-éclair de mai 1940, le déménagement à Liège où sa mère a suivi son deuxième mari, la découverte du monde de l’opéra (quand il s’appelait encore le Théâtre royal de Liège) où elle travaillera comme couturière, sa vie de mère célibataire. Une vie « ordinaire », marquée de joies et de souffrances, une vie non exempte de relations mais qui finit dans une très grande solitude. Cette rencontre avec cette très vieille femme, la douceur et la tendresse vécues dans la simplicité, et l’accompagnement délicat qu’il lui offrira jusqu’à la fin donneront sens à la propre vie de notre narrateur, au-delà du chagrin ressenti à la mort de Mathilde.

Ce roman se passe en hiver, il nous parle de sans-abri et d’une vieille dame seule, d’un homme déprimé, de gens vulnérables donc : cette histoire peut paraître sombre, tristounette mais elle est malgré tout lumineuse. Du rien, du petit, du fragile peut paradoxalement naître et renaître quelque chose de beau et de bon. C’est ce que Marc Pirlet nous raconte avec sa sobriété et sa pudeur habituelles.

« Mathilde était une pauvre petite femme mais, près d’elle, j’étais si bien. Alors que,quelques semaines avant de la connaître, un quart d’heure d’inaction me paraissait une éternité, je pouvais rester avec elle pendant des heures sans voir le temps passer.J’étais délivré de toute angoisse et je ne ressentais plus aucune tension. Je vivais un moment de trêve où j’étais enfin en harmonie avec moi-même. Je n’avais plus besoin de vanité, je n’avais plus besoin de porter un masque. »

Marc PIRLET, Une vie pour rien, Murmure des soirs, 2013

Le Mois belge (et une belle sortie de PAL)


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