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L’officier Denny Rakestraw et les « officiers nègres » Lucius Boggs et Tommy Smith ont du pain sur la planche dans un Atlanta surpeuplé et en pleine mutation. Nous sommes en 1950 et les tensions raciales sont légion alors que des familles noires, y compris la sœur de Smith, commencent à s’installer dans des quartiers autrefois entièrement blancs. Lorsque le beau-frère de Rake lance un projet visant à rallier le Ku Klux Klan à la « sauvegarde » de son quartier, les conséquences deviennent incontrôlables, forçant Rake à choisir entre la loyauté envers sa famille et la loi. Parallèlement, Boggs et Smith tentent d’arrêter l’approvisionnement en drogues sur leur territoire, se retrouvant face à des ennemis plus puissants que prévu : flics et ex-détenus corrompus, chemises noires nazies et voyous du Klan. (présentation de l'éditeur)
Après Darktown, j'étais vraiment impatient de lire le deuxième volet de cette série policière qui se situe en 1950 soit deux après le premier roman. On peut lire ce roman seul mais il serait dommage de ne pas lire le premier.
Nos deux officiers ont cette fois-ci bien du mal à séparer leur vie privée de leur boulot de flic pour tenter de faire régner l'ordre dans les quartiers noirs. Dont les frontières avec ceux des blanc sont de plus en plus poreux en ce qui concerne la délinquance, les trafics de drogue mais aussi les habitations entre noirs et blanc. Un officier blanc tente de les aider, ce qui n'est pas une mince affaire pour lui. Une grande partie de ses collègues corrompus voient d'un très mauvais oeil qu'un blanc ose se mêler à des officiers nègres. De manière classique, plusieurs intrigues s’entremêlent et se rejoignent de manière habile.
Au delà des différentes enquêtes, ce qui fait l'intérêt de ce roman est immanquablement son aspect historique et social. Thomas Mullen a du beaucoup se documenter. Il nous immerge admirablement dans les rues de cette ville du sud des Etats-Unis où les tensions raciales sont omniprésentes, la violence et l'insécurité qui règnent au quotidien dans les quartiers noirs défavorisés. On ressent très bien la frustration des agents noirs à exercer leurs missions dans un cadre très limité. Tout comme les contradictions humaines de certains personnages qui luttent contre les valeurs humaines prédominantes de leur époque, où être raciste est jugée comme un style de vie normale.
Le lecteur écarquille des yeux, s'indigne, tremble. Ce retour aux années 50 est donc très intéressant pour comprendre l'histoire de l'Amérique et ses grands mouvements en faveur des droits civiques qui suivront. Un très bon roman noir comme je l'ai aime.
Et pou finir, sachez que suivre les agents Smith et Boggs dans un troisième opus ne serait pas de refus !
Temps noirs - Thomas Mullen - traduit de l’anglais par Anne-Marie Carrière - Rivages/Noir - 2020.