C'est peu dire que ce nouveau disque déçoit.
On avait laissé Morrissey sur un excellent disque de reprises (California Son - 2018), parenthèse enchantée dans une oeuvre devenue très inégale depuis le très bon Ringleader of the Tormentors (2006) et la collaboration avec Ennio Morricone.Morrissey, grand parolier et interprète s'il en fut n'a jamais oeuvré dans un autre genre que la pop de lad, faite d'arpèges savants voire de power chords que lui ont délivré successivement ses guitaristes et compositeurs En solo son apogée fut la brit-pop délivrée au milieu des années 90. Il n'a jamais été question de collaborations extérieures autres que blanches et encore moins électroniques.
Ici Morrissey conjugue les deux dans un album qui repose sur de multiples loops saturés assez désagréables à l'oreille il faut bien l'admettre, et ce dès le "Jim Jim falls" assez insignifiant d'ouverture. Une electro de bazar est convoquée sur un titre qui se veut catchy ("Once I saw the river clean") mais qui sonne surtout n'était la voix du Moz comme de la vulgaire variété radiophonique. Il y a aussi ce (très long) point culminant mi expé mi electro qu'est ce "The secret of music" assez inepte qui rend l'auditeur orphelin et très nostalgique des "How soon is now ? d'autrefois.
Chant curieusement moins poussé et en retrait que d'habitude - ça en est presque dommage tant notre homme demeure un vocaliste d'exception (voir ces aigües justement qu'il réussit à atteindre sur "The secret of music") - textes moins percutants malgré les formules choc du morceau-titre, toujours axés sur une contrition qui tend à rendre l'entreprise éculée à force de tant d'exercices abordés dans les épisodes précédents. Mélodies insignifiantes voire souvent faibles, choix curieux d'intervenantes black soul disco..
Un morceau semble encapsuler cela, le très vilain et polysémique "Bobby, don't you think they know ?" - l'auteur fait-il allusion à sa "pansexualité" ou au définitivement très montré du doigt clan Kennedy ? L'intervention dans ledit titre de Thelma Thornton, interprète de la scie "Don't you leave me this way" interroge.Dont le chant forcé et complaisant flatte à peu près autant l'oreille du chaland, dispense le même swing que les choeurs féminins de feue Carole Fredericks chez Jean-Jacques Goldman
Lorsqu'en effet il acoquine son timbre si particulier avec celui de chanteuses, Morrissey n'est jamais aussi convainquant qu'avec des chanteuses blanches telle autrefois avec Siouxsie sur "Interlude" et comme il le fait ici sur "My hurling days are gone."
Car puisqu'il faut sauver forcément quelque chose de ce naufrage de 13ème album que Morrissey décrit comme son préféré ! (coquetterie si souvent réitérée par de nombreux artistes), c'est bien ce dernier titre - et allez le délicat "What kind of these people live in these houses ?"- mélancolique et sensible enfin débarrassé d'une production bling bling d'opérette.
Véritable respiration en clôture d'un disque à coup sûr en passe d'être décrié pour enfin de saines raisons exclusivement musicales.
Où le temps de ces 5' d'une mélodie sobre et belle à pleurer, l'artiste justifie enfin son rang.
En bref : la vacuité et un véritable désert de mélodies encombrent ce 13ème effort de Morrissey de surcroit desservi par un (curieux) désagréable parti-pris de production électronique.