En voilà une qui savait, qui s'y était préparée. Jackie Lynn, autre nom de scène de Haley Fohr, qui est plus connue sous le pseudonyme de Circuit des Yeux, apparaît toujours masquée. Ses masques ne sont pas chirurgicaux, ils sont bien souvent en dentelle, pour le mystère, pour le charme vénéneux de cette musique atypique. Jusqu'ici, j'y étais resté assez insensible. Puis, je suis tombé sur "Shugar Water" avec sa mélodie directe, sa folie contenue, bien partie pour figurer sur ma compilation annuelle. Le deuxième disque de Jackie Lynn, il y en a déjà eu six pour Circuit des Yeux, se prénomme malicieusement "Jacqueline".
Il raconte la vie solitaire d'une camionneuse. Les premiers titres sont, à l'image de "Shugar Water", particulièrement accrocheurs, enlevés, la suite demeure plus expérimentale, proche de l'ambient, même si on peut entendre sur une chanson comme "Odessa" des réminiscences de Django Django sous Temesta. On suit donc cette Jacqueline, sur son trajet de nuit, de la "Casino Queen" à cette dernière tentative de garder le "Control" malgré la fatigue en passant ces "Dream Street". Son voyage s'avère toujours intrigant, souvent passionnant, on navigue tantôt en terrain connu et bien balisé, tantôt dans des recoins obscurs et peu rassurants. Malgré cela, Haley Fohr vient tout de même de réaliser son album le plus accessible. Il était prévu de la retrouver à Paris, le 20 mai prochain, à la Boule Noire. Si elle pouvait nous trouver suffisamment de ses masques, cela pourrait suffire à maintenir l'événement. Nous sommes tous des Jacqueline en puissance...