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Pour une poignée de ciel, poèmes au nom des femmes dalit

Publié le 16 avril 2020 par Onarretetout

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Jiliane Cardey a traduit de nombreux poèmes d’une anthologie en langue hindi parue en 2013 à Delhi. Cette anthologie est déjà un évènement puisqu’elle donne la parole à des « intouchables », Dalit, et des autochtones, Ādivāsī, de l’Inde. L’excellent travail de traduction, les notes  qui permettent d’en comprendre le contexte et les enjeux sont à leur tour un évènement pour les francophones. « Nous avons donné naissance à des diamants bruts qui peuvent soulever la terre sur leurs épaules ». C’est Bruno Doucey qui publie ce livre puissant et juste, préfacé par Natacha Appanah.

Voici deux poèmes de ce recueil. Cela ne dit pas la diversité des 61 textes qu’il contient mais j’espère que cela peut donner l’envie d’en lire plus.

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Quelle tromperie (Taruśhikhā)

Ta mainmise sur l’eau sacrée du Gange
Et pour moi pas même de puits
La femme de ton foyer, une ‘déesse’
Et pour moi pas même une bénédiction ?
En lui faisant porter des atours de princesse
Tu la maintiens elle aussi dans la tromperie
Et nous arraches
Jusqu’à notre peau d’être humain !
Mais nous savons tous déjà
Comment tu as divisé
Pour mieux régner
Pour que ton opinion soit imposée
Trouve quelque chose d’autre à présent
Tous ces arguments sont dépassés
Nous parletons d’égal à égal
Assez d’arbitraire
Contiens-toi donc un peu à présent.

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Tu t’écrouleras (Bhāṣhā Siṅgh)

Je ne t’apparais pas
Tu ne parviens pas à me voir
Nulle part tu n’enregistres mon existence
Je suis absente de tes cartes, de l’ensemble de tes sondages
Au tribunal  toutes tes déclarations sous serment
Nient
Mon existence
Elle ne veut rien voir, ta société ‘civilisée’
décochant mensonge sur mensonge, tes gouvernements
Projettent toute leur puissance
Contre moi
Me croyant épuisée
Noyés dans l’impudence
Tes yeux éclatent d’un rire tonitruant
Tu ne sais pas
Qu’à partir du jour où je jetterai
Ton panier plein d’excréments
Tu t’écrouleras
Sur les belles demeures de la civilisation
Et
Tu ne seras plus visible nulle part.


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