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Three… extremes (2004) ★★☆☆☆

Par Olivier Demangeon @critiks_moviz
THREE… EXTREMES (2004) ★★☆☆☆ THREE… EXTREMES (2004) ★★☆☆☆

Trois des réalisateurs les plus en vue du début du XXIe siècle ont été sollicités pour proposer trois petits films d'horreur entreprenants, parfois artistiques, mais d'un niveau variable, pour ne pas dire irrégulier.

THREE… EXTREMES (2004) ★★☆☆☆

" Sseuli, Monseuteo " (쓰리, 몬스터), ou " Three... Extremes " pour la distribution internationale est une collaboration entre plusieurs pays asiatiques, composée de trois segments dirigés par trois réalisateurs de trois pays. Pour la partie coréenne, le réalisateur est Park Chan-wook, à qui l'on doit également " The Truth Beneath " (2015). Les acteurs coréens sont Lee Byung-hun, qu'on a pu voir dans " A Single Rider " (2017), Im Won-hee, qu'on a pu voir dans " Along With the Gods: The Two Worlds " (2017), Kang Hye-jung, qu'on a pu voir dans " Lucid Dream " (2017), et Yum Jung-ah, qu'on a pu voir dans " " (2017).

Lorsqu'on écrit une critique de film, au départ, nous sommes dans la même situation que le romancier, devant une page blanche. Il faut donc structurer sa pensée et mettre des mots sur un ressenti, des émotions, un vécu. Ce qui est intéressant avec " Three, Monster " c'est qu'il y a justement un ressenti différent, des émotions variées et une perception complètement différente en passant d'un réalisateur à l'autre. Pour synthétiser à l'extrême, je dirais que le segment le plus dérangeant, le plus impactant est le chinois avec " Dumplings " traduit en français par " Nouvelle Cuisine " mais dont le terme " boulette " collerait mieux à l'idée. La section la plus graphique, la plus aboutie en terme de photographie est la japonaise avec " Box " ou " La boite " et enfin la plus sanglante, mais la moins réussie, la coréenne avec " Cut " ou " Coupé ", jeu de mots entre la situation dans laquelle les personnages se trouvent et la fameuse expression dite par le réalisateur pour clôturer une scène lors d'un tournage.

" Three, Monster " s'ouvre donc sur la section chinoise avec " Dumpling " et d'entrée de jeu, ça percute bien. L'histoire nous invite à suivre Ching Lee ( Miriam Yeung), une ancienne vedette de série, femme distinguée d'un statut social élevé, qui désire plus que tout préserver sa jeunesse et sa beauté. Afin d'y parvenir, elle s'adresse à une certaine Mei ( Bai Ling) qui détient une recette singulière de raviolis chinois dont la composition donne froid dans le dos, et surtout va vous faire voir la nourriture chinoise sous un autre angle à chaque fois que vous irez dans un restaurant spécialisé dans le domaine. Certains visuels sont réellement abominables et certains effets sonores terrifiants, bien qu'inoffensifs sortis de leur contexte.

La mise en scène de Fruit Chan est simple mais terriblement efficace, aussi bien dans le registre de ce qui est montré que de ce qui est suggéré. Dans cette section d'une bonne quarantaine de minutes, le metteur en scène s'amuse avec le politiquement correct, avec la suffisance voire l'inconséquence, l'envie, le désir, les mœurs et même l'éthique. Le tout dans une proportion surréaliste surprenante et déconcertante. À choisir, c'est irrémédiablement cette section qui emporterait notre préférence.

Le second segment est donc coréen, réalisé par le fameux Park Chan-wook, alors en plein développement de sa trilogie " vengeance ", et juste avant le dernier volet de celle-ci, soit " Lady Vengeance " (2005) et après le non moins célèbre " " (2003). Autant dire qu'il était attendu, et ça n'a pas loupé, il est allé dans le mur. " Cut " démontre encore une fois que le réalisateur, à cette époque-là, son ardeur à installer des histoires dramatiques sanglantes, il attriste le spectateur par son absence de créativité et la surdose d'effets visuels décalés. L'histoire se focalise sur un réalisateur à succès qui se retrouve, avec son épouse, pris en otage d'un figurant anonyme mais régulier de ses films. Il doit soit étrangler un enfant de ses propres mains ou voir son épouse se faire amputer d'un nouveau doigt au fur et à mesure que s'égraine le temps. La mise en scène est lamentable, le décor est ridicule, la bande sonore est épouvantable, l'édition est délirante avec de multiples gros plans sur les visages des différents protagonistes, à la frontière du burlesque. Mais qu'est donc venu faire l'excellent Lee Byung-hun dans cette galère ? Au secours !

Le dernier segment, " The Box " est donc assuré par le japonais Takashi Miike. Il en profite pour inscrire son tronçon dans son univers particulier, avec le récit d'une jeune femme à la recherche d'un père, qui est en proie au traumatisme de la disparition brutale de sa sœur jumelle alors qu'elle était enfant. Le réalisateur joue énormément avec les teintes, les couleurs, les contrastes pour déplacer le spectateur dans des scènes délirantes qui s'enchaînent de manière chaotique. La photographie est somptueuse, tout comme l'actrice principale, Kyōko Hasegawa, mais l'histoire n'est pas accrocheuse, en raison d'un scénario trop écorché.

En conclusion, " Three... Extremes " est un film singulier disposant de trois histoires distinctes, mais d'inégalité de niveau. L'approche chinoise est la plus perturbante avec une photographie bien équilibrée qui pose le focus sur les différences sociales des différents protagonistes. Démonstratif et suggestif, le récit est violent dans l'esprit plus que dans la forme. Pour l'approche coréenne, c'est l'inverse, c'est plus violent dans la forme que dans l'esprit. Le point de départ étant l'excès de perfection apparente. La photographie est ramenée à sa plus simple expression et le reste déçoit pratiquement à chaque étape. Enfin, l'approche japonaise est la plus élégante, mais elle fascine nettement plus qu'elle n'arrive à convaincre. On ressort de l'expérience en étant profondément dubitatif... On zappe !

THREE… EXTREMES (2004) ★★☆☆☆

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