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Mes plus belles gamelles : Reichmuth Matterhorn

Publié le 21 avril 2020 par Chroom

Je ne me souviens plus exactement quand et comment je suis tombé pour la première fois sur un prospectus du fonds "Reichmuth Matterhorn", l'ancêtre du "Reichmuth Matterhorn +". A l'époque, après la leçon reçue avec les valeurs Internet, je recherchais un placement qui offre une belle rentabilité avec un minimum de volatilité. Ce fonds affichait une très belle performance en toutes circonstances. Tout comme son successeur, il était considéré comme peu risqué. Le graphique du cours se résumait à une belle droite assez pentue. J'adorais ça. La banque privée lucernoise Reichmuth & Co était l'émettrice du fonds. Tout cela me paraissait une affaire hautement sérieuse. La caractéristique majeure du "Matterhorn", c'est qu'il s'agissait d'un fonds d'hedge-funds, ce qui permettait même aux simples particuliers d'accéder à ces placements alternatifs d'habitude réservés aux institutionnels.

Cela s'est relativement bien placé les premiers temps. Puis arriva la crise des subprimes. On était à l'aube de 2008. Contrairement à mes débuts, où j'étais assez long à la réaction, je liquidais immédiatement toutes mes parts du Matterhorn. J'étais content de moi car cette fois j'avais retenu les leçons du passé et le fonds n'avait pratiquement pas eu le temps de baisser. Ma joie était cependant de très courte durée. Après plusieurs jours d'attente, mon ordre était toujours en suspens. C'est comme ça avec les fonds, tu dépends de l'émetteur. Les jours passaient, la débâcle financière grandissait et l'affaire Madoff fit son apparition. Surprise, la très sérieuse banque privée de Lucerne était touchée. Oups. Le Matterhorn en ligne de mire. Parmi les fonds dans lesquels elle était investie, quatre étaient placés chez l'escroc américain. Bien joué ! A l'époque ils parlaient de 10% de la valeur du fonds qui était impactée.

Dans les faits, c'était un peu plus compliqué que cela. La banque m'a remboursé 50% de mon placement quelques temps plus tard. Tout le reste partait en liquidation. J'ai dû attendre une dizaine d'années pour toucher les derniers ridicules versements. Je ne sais pas au final combien j'ai laissé exactement dans l'histoire tant la procédure était compliquée et longue. Certes j'ai perdu moins qu'avec Swissair ou JDS Uniphase, mais une grosse partie de mon placement est resté inutilisable durant plusieurs années.

Pourquoi j'en ai acheté

Le Matterhorn semblait être un placement sans risque. Une espèce de super obligation à court-terme du gouvernement avec une performance digne des actions.

Mes erreurs

  • Avoir oublié qu'on dépend de l'émetteur du fonds pour le revendre
  • Avoir confondu absence de volatilité avec absence de risques
  • Avoir trop fait confiance à une banque suisse

Ce que j'ai appris sur le moment

On est jamais aussi bien servi que par soi même. Les fonds coûtent cher en frais de gestion et surtout on ne sait pas exactement ce qui s'y trame. Il faut se méfier des promesses de placements sans risque ou presque, même quand une banque suisse réputée est en toile de fond.


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