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Brise de mère

Publié le 22 avril 2020 par Adtraviata

Brise de mère

Quatrième de couverture :

Une femme dans son siècle, née à la fin de la Première Guerre mondiale. Une vie dans l’ombre de son mari, de ses quatre enfants, en un temps où le patriarcat imposait renoncements et soumission aux mères. Le dernier de ses fils l’accompagne jusqu’aux portes de la mort et raconte…
Un récit riche de révoltes instinctives et d’attachement viscéral, d’incompréhensions générationnelles et de rendez-vous parfois manqués, de colères et de tendresse. Une histoire d’amours, toujours recommencées.

Ce roman est largement autobiographique, mais l’écrit Alain Dantinne lui-même, il a forcément accompli un travail de relecture, de recomposition de la vie de sa mère, de sa propre vie, de sa relation avec cette mère. Alain est le plus jeune d’une fratrie namuroise (je n’avais encore jamais lu de roman avec la ville de Namur en toile de fond – ça pourrait être une thématique pour un prochain mois belge, un roman dans une ville). Il est le benjamin donc, venu sur le tard, et aussitôt chéri, aimé par sa mère avec une force sans doute excessive (Alain Dantinne fera la comparaison avec Gary dans La promesse de l’aube : être aimé si fort dans la petite enfance, c’est être condamné à être un mendiant toute sa vie). Dans l’enfance, le petit garçon en profite pour faire mille bêtises, jamais grondé ou presque, toujours soutenu par sa mère. A l’adolescence, le garçon est de plus en plus rebelle, épris de liberté das une famille très catholique : mauvais élève, il fait régulièrement le mur, part pour de folles équipées, choque volontairement sa mère qui ne le comprend plus mais est toujours présente pour ce fils qui découvre peu à peu son homosexualité. Devenu adulte, le jeune homme parviendra à s’écarter, à trouver son autonomie mais il reviendra quand son père malade sera proche de la mort. Sa mère alors le désigne implicitement comme le gestionnaire de ses affaires, une manière pour elle de renouer, de maintenir le lien avec son fils adoré. Quand elle quittera sa grande maison pour un appartement en séniorie, Alain (avec son frère Paul) accompagnera sa mère jusqu’à la fin de sa vie.

La mère d’Alain Dantinne a vécu une vie longtemps soumise à son mari, à son devoir familial, soucieuse de préserver sans cesse les apparences, elle a souffert de manquer d’amour et de reconnaissance, notamment de sa belle-famille et en même temps, elle a opposé une forme de résistance aux choses subies par une parole tranchante d’une part et par la dépression d’autre part. Une fois veuve, elle reprend vie mais ne parviendra jamais à se défaire des frustrations anciennes.

Cette femme a existé dans le regard et le lien indéfectible avec son fils. Tout comme il s’est mis à écrire pendant qu’il accompagnait les derniers mois de vie de son père (texte paru aux Carnets du dessert de lune, Journal d’un incapable), il a aussi consigné le « journal » de l’accompagnement de sa mère dans son extrême vieillesse, dans son douloureux lâcher prise à plus de nonante ans.

Chacun peut être touché d’une façon ou d’une autre en lisant ce récit sensible et pudique, composé en quatre chapitres faits d’anecdotes, de réflexions, de références littéraires et qui disent l’amour, la maternité, le chagrin, la perte et le deuil. Qui disent la vie et la mort, tout simplement.

Alain DANTINNE, Brise de mère, Weyrich, 2017


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