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Le sanglier

Publié le 15 avril 2020 par Paulo Lobo

Je courais dans la forêt, l’ouïe charmée par le chant des oiseaux et le bruit de mes pas sur le sol, l’esprit bercé par la douce nature qui pleinement m’enveloppait. Quand soudain, telle une apparition miraculeuse tombée du ciel, je me suis retrouvé face à une bête qu’immédiatement j’identifiais - grâce soit rendue à mes albums d’enfance d’Astérix - comme étant un immense sanglier. Il était là, sur le sentier, à une dizaine de mètres devant moi et il semblait me regarder. Comme je n’avais pas la carrure d’un Obélix, et comme je n’avais jamais pensé à consulter Google sur la bonne attitude à adopter dans une pareille circonstance, je restai pétrifié. Faut-il sourire, faut-il crier, faut-il tourner le dos et lentement s’en aller, faut-il au contraire prendre ses jambes à son cou et courir comme un fou, faut-il dire des mots doux... J’en étais à ces réflexions, quand, peut-être même pas trois secondes passées, j’entendis une voix.

Laquelle, je vous assure, provenait du sanglier. Bonjour mon garçon est-ce que tu t’es perdu ? Je me dis qu’il valait mieux ne pas m’étonner du fait qu’une bête puisse parler. Je décidai de répondre à la question, en mettant dans mon intonation tout le respect du monde. Bonjour monsieur le sanglier, j’espère que vous allez bien, non je ne me suis pas perdu, je ne fais que passer en fait, je ne fais que courir un peu pour me dégourdir les jambes, pour casser un peu la routine de notre confinement. Confinement, de quoi s’agit-il, s’enquit le sanglier. Et bien depuis quelques semaines, nous sommes tenus de ne sortir de chez nous que pour le strict minimum, pour les choses essentielles, par exemple pour faire ses courses ou se dégourdir les jambes. Ah, c’est étonnant, s’exclama le sanglier.


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