Titre : Pieds d’argile (Les annales du Disque-monde, T19)
Auteur : Terry Pratchett
Plaisir de lecture : Livre fantas… tique
Les Annales du Disque-monde
À Ankh-Morpork, n’arrivera jamais le jour où il fait doux vivre. Le commissaire Vimaire et tout le Guet vont devoir enquêter sur deux problèmes en parallèle : un empoisonnement du praticien Vétérini a été tenté et les Golems, employés par de nombreux industriels, ne tournent plus rond.
Le Guet Municipal s’est agrandi mais représente toujours la même troupe mal troupée. On retrouve avec plaisir Vimaire, Chicard, Côlon, Détritus, Angua et Carotte. Rien que pour leur sens de la Justice, ils sont attachants. J’ai apprécié passer du temps spécifiquement avec Angua. Et découvrir une nouvelle recrue naine… Hilare Petitcul ! De par son statut d’alchimiste, naîtra parfois des étincelles face à la méthode ancestrale qu’affectionne Vimaire.
Dans ce tome, on retrouve une population hétéroclite : nain, troll, loup-garou, vampire, humain et même golem. Les golems naissent de la terre et n’ont donc par définition, pas de vie. Ils ont juste des mots dans leur tête – littéralement des mots inscrits sur un morceau de papier – et répondent aux ordres de leur maitre. Ils sont une main d’œuvre efficace car ils sont inépuisables et travaillent 24h/24.
[Le praticien] avait un jour déclaré à Vimaire, dans cette même salle, devant cette même fenêtre : « Ils s’imaginent vouloir un bon gouvernement et la justice pour tous, Vimaire, et pourtant que désirent-ils vraiment au fond de leur cœur ? Seulement que tout se passe normalement et que demain ressemble à aujourd’hui.
Issue de la formidable série « Les Annales du Disque-monde, « Pieds d’argile » en est le dix-neuvième tome et aussi le troisième tome du Cycle du Guet.
L’intrigue prend des airs à la Sherlock, bien entourée par les enquêtes et l’humour. S’il y a deux grands pans qui se dessinent – tentative d’empoisonnement du praticien et surveillance des Golems – il y a bien évidemment moult péripéties secondaires qui parsèment le récit, par exemple : la mystérieuse drogue pour les trolls qui tourne et quid du gardien du musée du pain que l’on a retrouvé inconscient.
Il n’existait pas de règles sanitaires à Ankh-Morpork. Autant installer un détecteur de fumée en Enfer.
Comme pour tous les tomes précédents, l’auteur intègre un deuxième niveau de lecture qui nous amène à la réflexion. Ici les questionnements se tournent vers la frontière entre humain et machine, la supériorité de certains êtres par rapport aux autres, l’esclavage et l’intégration.
Un volume de Terry Pratchett est un plaisir de lecture : cette loufoquerie à chaque coin de page change les idées. Le ton décalé offre aussi des dialogues surréalistes et succulents. Le livre renferme tant de pépites !
JE SUIS LA MORT, PAS LES IMPÔTS. MOI, JE N’ARRIVE QU’UNE FOIS.
« Je suis sûr que vous connaissez votre ascendance, commissaire. Votre père était Thomas Vimaire, son père Gwillaume Vimaire…
— C’est le vieux Face-de-marbre, c’est ça, le coupa Vimaire tout net. Ç’a un rapport avec le vieux Face-de-marbre.
— Exact. Ah-ha. Vimaire Supporte-pas-l’injustice. Votre ancêtre. Le vieux Face-de-marbre, oui, comme on l’appelait. Commissaire du Guet municipal en 1688. Et régicide. Il a assassiné le dernier roi d’Ankh-Morpork, comme l’apprennent tous les écoliers.
— Exécuté ! »
Les épaules se haussèrent. « Bref, le cimier de la famille a été, comme nous disons en héraldique, excretus est ex altitudine. A savoir, depositatum de latrina. Détruit. Interdit. Dans l’impossibilité de ressusciter. Terres confisquées, maison rasée, sa page arrachée des manuels d’histoire. Ah-ha. Vous savez, commissaire, je trouve intéressant qu’un grand nombre de… ah-ha, descendants de “Face-de-marbre” (les guillemets tombèrent impeccablement autour du surnom comme des pincettes que manierait une vieille dame du monde pour saisir un objet déplaisant) soient devenus des agents du Guet. Je crois, commissaire, que vous avez aussi hérité du surnom. Ah-ha. Ah-ha. Je me demande si vous n’avez pas tous hérité du besoin pressant d’éradiquer l’infamie. »
Vimaire grinça des dents. « Vous prétendez que je ne peux pas avoir de blason ?
— Tout juste. Ah-ha.
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Cette lecture est la sélection d’avril de la part Valériane pour notre défi littéraire et mine de rien, cela me fait avancer aussi dans mon challenge Fin de Série (j’ai encore de quoi faire avec la saga de Terry Pratchett).