Je viens de regarder le film Wonder Wheel de Woody Allen, qui date de 2017, et que je n’avais pas vu à sa sortie. J’en sors avec une impression très mitigée car ce film me semble concentrer quelques grandes qualités et beaucoup de gros défauts également.
Mais venons-en tout de suite au début de l’histoire :
Nous sommes dans les années 50, à Coney Island. Ginny (Kate Winslet) est une femme de bientôt quarante ans, qui a abandonné dans sa jeunesse une carrière d’actrice et un mariage heureux pour se remarier avec un forain, Humpty (James Belushi), manutentionnaire dans un parc d’attractions, plus âgé qu’elle et amateur de pêche à la ligne. Ginny gagne sa vie comme serveuse dans un restaurant de fruits de mer bon marché et rêve naturellement d’une existence et d’une carrière plus exaltantes. Elle rencontre bientôt un jeune surveillant de baignade, dramaturge à ses heures, Mickey (Justin Timberlake) et entame une liaison avec lui, en cachette de son mari. Le jeune couple passe des moments torrides et romantiques sur la plage et Ginny, très amoureuse de son amant, voit en lui l’occasion de fuir sa vie actuelle, d’échapper à son mari brutal et à son boulot ingrat. Mais Mickey ne voit pas tout à fait les choses de cette façon. (…)
Mon Avis :
On retrouve dans ce film des tas de situations déjà vues dans ses autres oeuvres. La serveuse insatisfaite, rêvant d’une vie meilleure, était déjà présente dans « La rose pourpre du Caire » il y a plus de trente ans, et Woody Allen tirait un bien meilleur parti de cette situation de départ.
Bien sûr, Ginny ressemble beaucoup à l’héroïne de Blue Jasmine : elle aussi est une déclassée, un peu névrosée, une femme lunatique qui boit, ment, trompe et se trompe, et qui rêve de retrouver la classe sociale supérieure où elle a été tellement heureuse.
Déjà, dans Blue Jasmine, les classes sociales étaient dépeintes de manière stéréotypée et caricaturale mais le personnage de la sœur, qui campait une caissière pauvre assez fine et sympathique, nuançait un peu le propos. Dans Wonder Wheel, le mari prolétaire reste une grosse brute pas très fûtée, cantonné à un rôle secondaire que le cinéaste ne cherche jamais à rendre émouvant.
Le seul personnage qui paraisse vraiment creusé psychologiquement, c’est celui de Ginny et il faut noter la performance d’actrice de Kate Winslet, qui est tout à fait remarquable, et qui ne semble pas vraiment jouer dans le même film que ses partenaires, très superficiellement décrits et auxquels on ne croit pas vraiment.
Le symbolisme de la roue (La grande roue du parc d’attraction) que l’on retrouve dans le titre et dans le caractère lunatique de Ginny, est encore accentué par des jeux d’éclairages colorés qui se reflètent sur le visage de Kate Winslet pendant qu’elle parle, tantôt d’une couleur chaude orangée, tantôt d’une couleur froide gris-bleu, et si cet effet m’a paru intéressant au départ, j’ai trouvé qu’il devenait un peu trop répétitif et systématique, voulant souligner l’ambivalence du personnage.
Un film où Woody Allen ne parvient pas à se renouveler, mais d’une qualité honnête, et pas désagréable à regarder !