J'aime beaucoup étudier la carte des fromages de France. Elle me permet de réviser mes classiques et de noter de me risquer à bousculer mes habitudes. Cette fois elle me donne envie de gouter le Ty Pavez (breton), le Bargkass (vosgien), le Curé (nantais), le Bethmale (ariégeois) ou encore le A Filetta (corse). Je me promets de le faire un jour ...Je ne les ai pas vu au Salon du Fromage et des Produits Laitiers qui a lieu en ce moment Porte de Versailles (du 23 février au 26). Il n'est programmé que tous les deux ans car venir quatre jours à Paris représente un énorme effort. Et il s'adresse uniquement aux professionnels. C'est un rendez-vous intéressant à plus d'un titre.
La première édition a eu lieu à Villepinte en 1960 et ne s’adressait alors qu’aux grossistes comme nous l'a raconté son créateur
Alain Dubois (à gauche de la directrice, Céline Glineur) qui évoque avec émotion l'année 1989 car elle a dépassé le millier de visiteurs.L’objectif a toujours été de présenter des fromages de qualité. La France en compterait 1000 à 1500 (avec seulement 350 à 400 "vrais"). Il y a peu d’innovation mais beaucoup d’améliorations précise-t-il en ajoutant qu'au plan mondial le plus vendu reste le Cheddar et qu'en Russie on l’appelle Chester. La politique du salon a toujours été d'éviter les grands groupes même si le fondateur du salon affirme ne rien avoir contre eux. On ne trouvera donc pas de stand Bel ou caprice des Dieux. Et si Lactalis est présent, c'est sous ses marques, comme Graindorge.
Ses parents BOF (vendant du Beurre, des Oeufs et du Fromage) l'ont initié tout petit à cet univers. Il se souvient avec émotion des moments passés avec son papa dans les vieilles Halles de Paris. Sa passion ne l’a pas quitté quand il est devenu ingénieur. Interrogé sur les nouvelles directives en matière d'hygiène il souligne que les fromagers ne les ont pas attendues pour passer 60 % de leur temps chaque jour dans du nettoyage. Son credo est la passion et la recherche du bien.
Cette année la manifestation rassemble 281 exposants dont 45 % d’étrangers, avec un pavillon bulgare, 46 exposants espagnols, et aussi pour la première fois un producteur grec et un estonien (dont je parlerai plus loin). Impossible d'être exhaustif. Ma visite se focalisera sur quelques-uns et j'ai plaisir à partager quelques anecdotes :

La Fromagerie Réaux a été fondée par Théodore en 1920 dans la Manche. L'entreprise a été cédée en 2016 aux Maitres laitiers du Cotentin, rassemblant 85 salariés et 41 producteurs de lait. Elle est dirigée aujourd'hui par David Aubrée. La marque a pris le nom de Réo pour la GMS. La gamme Le Gaslonde concerne 100 % vaches normandes et l'affinage est réalisé selon les souhaits du client. J'ai appris qu'on l’aime crayeux dans le nord de la France, quatre-quarts pour Paris (avec quatre semaines supplémentaires d’affinage à 8° de manière à obtenir une texture souple et des notes aromatiques supplémentaires). Vous pouvez vous rendre dans l’entreprise, comme les 10 000 personnes qui en franchissent les portes chaque année. La visite guidée dure une heure et pour trois euros la dégustation est incluse.


Il aurait été impensable de ne pas rencontrer des espagnols puisque leur pays est à l'honneur cette année (après le Royaume-Uni en 2018). Si l'Espagne est souvent associée à la paella, aux churros, à la sangria ou encore aux tortillas, elle possède une longue tradition fromagère comptant quelque 150 variétés de fromages et beaucoup proviennent encore de laiteries artisanales. C'est le 8ème producteur européen avec 32 AOP ou IGP.
Les espagnols aiment commander dans les bars des tablas de quesos (planches de fromages) qu'ils dégustent avec du vin. Mais il peut aussi constituer un dessert et être alors accompagné de miel ou de confiture de coing. Chaque habitant consomme environ 8 kilos par an (26 kilos pour un français).


Rejoignons Maritsa qui produit dans une petite entreprise au Nord de la Grèce, des kéfirs à la consistance lisse et crémeuse, faits de laits traditionnels avec du lait de vache ou encore des kéfiés de brebis ou de chèvre (intéressant pour les intolérants au lactose), et enfin des kéfirs d’eau, bien entendu vegans, et qui offrent une alternative aux sodas. Tous sont riches en probiotiques, équilibrent notre flore intestinale et renforcent les défenses immunitaires. Les bienfaits de la fermentations ne sont plus à démontrer. J'ai appris qu'un peu de kéfir donnera du volume aux omelettes. Cette boisson est de la même famille que le lassi.
L'entreprise fait aussi des légumes lactofermentés (ce qui évite la pasteurisation) comme ces petits mini-poivrons délicieux à la fêta grecque que j'ai associés à des tomates cerise, de la roquette et du pain trempés dans une vinaigrette. Vous pouvez en faire vous-mêmes en suivant cette recette.



J'ai goûté et apprécié l'Harbison version pasteurisée,
le Winnimere au lait cru et le Bayley Hazen Blue (qui présente le côté sucré du Stillton).



Je l'ai testé de diverses manières, aussi bien
cru que fondu ou ajouté à des préparations et je n'ai jamais été déçue.








