Une bête au Paradis, de Cécile Coulon

Quatre-vingts ans, c’est l’âge de Blanche dans les premières pages du livre. Et nous allons les revivre, ces quatre-vingts ans. Au Paradis, la ferme et les terres alentour, les Bas-Champs et le Sombre-Étang, où elle est née, d’où elle ne part que pour aller au marché voisin le jeudi vendre les produits de la ferme, où elle est élevée par sa grand-mère Émilienne à qui elle ressemble de plus en plus. Une femme puissante que l’amour va ravager. C’est un roman cruel, où le moins dur est sans doute le travail de la terre et des bêtes. Les relations humaines sont toutes empreintes de souffrance. Pas toutes : il y a cette grand-mère qui mène son affaire avec autorité et avec bienveillance. Une qui sait dire : «  Ne fais pas de mal à un plus petit que toi, ou tu souffriras par un plus fort ». Et il y a la ville au loin, une menace.

Chaque chapitre a pour titre un verbe. Le premier s'intitule « Faire mal ». Est-ce faire souffrir ? faire le contraire du bien ? ou simplement faire de travers ? Les titres sont des verbes d'action à l'infinitif mais ils nous égarent comme cette route étroite qui serpente devant le Paradis.