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Pourquoi je ne parlerai jamais de STAR WARS – Et pourquoi je le fais quand même

Par Le7cafe @le7cafe

Que la Force soit avec toi.

Après l'Alien Day dimanche dernier avec , on continue sur notre lancée des fêtes de la pop culture. Nous sommes le 4 mai Billy, et le 4 mai c'est le Star Wars Day ; pourquoi aujourd'hui ? À cause d'un jeu de mots vaseux qui veut que, en anglais, " May the Force be with you " (Que la Force soit avec toi) se prononce quasiment comme " May the Fourth be with you " (Que le 4 mai soit avec toi). L'occasion parfaite pour écrire une chronique sur la saga de la Guerre des Étoiles, puisqu'on m'a déjà demandé plusieurs fois - dans les sondages des Pubs carte blanche, ou directement - si j'allais un jour écrire des articles sur les films. Et bien voilà la réponse : quand est-ce que j'écrirai une critique sur Star Wars ? Jamais.

Bienvenue au 7ème Café Billy, voici pourquoi je ne parlerai jamais de Star Wars, et pourquoi je le fais quand même ! Bonne lecture 😀

" C'est une époque de guerre civile ". Ces mots, inscrits en 1977 en lettres jaunes au tout début du générique d'un film qui allait marquer des générations entières, ne pourraient mieux résumer l'état actuel de la saga Star Wars. À chaque nouveau contenu audiovisuel dévoilé, les critiques se jettent dessus comme une meute de rats Womp sur une carcasse de Bantha dans le désert de Tatooine ; sur la galaxie Twitter, les Seigneurs noirs des Sith Internet, Dark Kevin et l'Empereur xX_PalpatineDu69_Xx, réunissent leurs armées de trolls intergalactiques au son des chants de guerre haineux ; tandis que la communauté s'effondre, emportée dans un maelström semblable à celui qui engloutit le gargantuesque Summa-Verminoth pendant que Han Solo faisait le raid de Kessel en 12 parsecs. Et, bordel, j'en ai marre !

La cause de ce chaos ? Trois films, Star Wars, Épisode VII : Le Réveil de la Force (2015), Star Wars, Épisode VIII : Les Derniers Jedi (2017) et Star Wars, Épisode IX : L'Ascension de Skywalker (2019). Depuis que la galaxie lointaine, très lointaine est passée sous l'égide de l'empire hégémonique - bien réel, celui là - Disney en 2012, chaque film s'est pris un contrecoup virulent qui n'est allé que croissant au fil des opus. La compagnie est systématiquement désignée comme instigatrice de la décadence ultime des films, pointée du doigt comme le grand méchant qui met un gros coup de sabre laser rouge dans le cœur de la saga. Mais qu'on soit bien d'accord, Disney n'a pas ruiné Star Wars, vous l'avez fait.

Les réalisateurs des trois épisodes, J. J. Abrams et Rian Johnson, se prennent quotidiennement des torrents de merde sur Internet. Daisy Ridley et Kelly Marie Tran, actrices de Rey et Rose, ont toutes les deux quitté les réseaux sociaux à cause du harcèlement qu'elles subissaient. La faute à Disney ? On voyait déjà la même chose du temps de la prélogie. Que dire des cas d'Ahmed Best, l'acteur de Jar-Jar Binks, qui affronte une vague de haine depuis 20 ans, ou alors de Jake Lloyd qui, à cause du harcèlement subi suite à son rôle d'Anakin dans La Menace Fantôme à seulement 10 ans, a vécu une véritable descente aux enfers et a dû finir en hôpital psychiatrique ? C'était bien avant Twitter et le rachat de Lucasfilm. La morale, c'est qu'il y a toujours eu des connards ; ne pas aimer est une chose, haïr en est une autre.

Où est-ce que je veux en venir ? Ceux que je viens de citer sont évidemment et fort heureusement seulement les cas extrêmes, et je ne prétends certainement pas dire que tout le monde est un immonde Jabba le Hutt. Mais. Mais le palais de Jabba n'est pas occupé que par Jabba. Pas besoin d'aller jusqu'au plus grand parrain du crime de la galaxie ; on trouve là tout un tas de mercenaires, chasseurs de primes et autres singes-lézards kowakiens qui complètent parfaitement le tableau. Et c'est là que beaucoup de fans entrent en jeu.

Grâce à la magie du net et de l'anonymat des réseaux sociaux, il suffit de sortir son téléphone à la fin de la séance de cinéma, et en moins de temps qu'il n'en faut à Han pour tirer - en premier - sur Greedo, " Bof bof Star Wars 8 #déception #ctmieuavan " est tweeté. Pas besoin d'en arriver aux insultes, ou autres menaces de mort que certains ont reçu, mais un simple message négatif suffit à créer le problème, à créer mon problème. Partout où on regarde depuis le début de la nouvelle trilogie, c'est un flot de négativité, fut-elle minime mais néanmoins présente, qui se déverse dès que la saga est évoquée. Il suffit de constater que lorsque l'on cherche " Rise of Skywalker " sur YouTube, les premiers résultats qui tombent - hormis les vidéos officielles et les extraits du film - sont des critiques acerbes titrées " What Went Wrong? ", " The Most Frustrating J. J. Abrams Film " ou encore " Rise of Skywalker being devoid of logic ".

" Débattre, contester, c'est, quelque part, partager, mais cela doit toujours s'accompagner d'une volonté d'enrichir, d'apporter quelque chose, sinon il ne reste que de l'aigreur et de l'amertume. "
- Quentin Coray, " Le rôle essentiel du partage et de la transmission dans la cinéphilie ", À la Rencontre du Septième Art, 1er mai 2020

Le problème n'est pas de ne pas aimer la postlogie. Chacun a le droit de se faire un avis sur une œuvre d'art,et je ne prétends pas avoir l'opinion universelle. Mais tout est dans la façon de ne pas aimer, dans la façon dont la véhémence déferle sur ces trois nouveaux films de la saga, sur lesquels chacun vient cracher gratuitement et souvent sans mesure sa bile. Ce n'est pas un problème unique à la Guerre des Étoiles, par ailleurs, mais il semble y être exacerbé, comme si dans cette galaxie lointaine, très lointaine, tout ne pouvait plus être qu'abhorré ou adoré sans aucun juste milieu. C'est en ceci que tous les critiques de la postlogie se font, volontairement ou non, des résidents de ce palais de Jabba métaphorique, ne serait-ce que par simple présence. Un climat hostile s'est instauré, et aucun fan de Star Wars n'est plus à l'abri de se faire des ennemis.

Et moi, où suis-je dans cette métaphore filée ? Ce serait immensément présomptueux de ma part de penser que je suis Luke, alors disons que je suis Uula, l'innocente danseuse Twi'lek, balancée dans la fosse au Rancor pour avoir eu le malheur de dire que j'apprécie la postlogie. Car oui, je l'apprécie.

Ce qui me fatigue, c'est que la quasi-totalité des conversations que j'ai pu avoir à propos de la saga depuis la sortie des Derniers Jedi a fini en débat houleux. Je passe mon temps à devoir défendre l'épisode 7 contre les fans de l'épisode 8 parce qu'il ressemble trop aux films originaux, et l'épisode 8 contre les fans de l'épisode 7 parce qu'il ne leur ressemble pas assez. Et je ne parle même pas de l'épisode 9... Mais d'où vient le problème ?

Star Wars est une saga pour les enfants. Bien sûr que c'en est une ! Ça l'a toujours été ! Et c'est bien là le problème. Je ne débats pas avec les enfants, avec tous ces jeunes qui ont découvert la saga à travers les nouveaux films, mais bien avec les adultes qui ont grandi avec les autres, et qui s'attendent à ce que la saga grandisse avec eux... Sauf que ce n'est pas comme ça que ça marche. Les films ont toujours fait appel à notre cœur d'enfant, seulement, pour beaucoup, ça ne fait plus effet précisément parce que nous sommes des adultes maintenant. Et ce sont bien ces mêmes adultes qui s'extasient sur la trilogie originale, parce qu'ils ont grandi avec, qui ont sabordé la postlogie de l'intérieur, aveuglés par des souvenirs mielleux, sans se rendre compte, entre autres, que la prélogie n'était certainement pas meilleure.

S'il y a des responsables à trouver pour l'échec du dernier opus, ce ne sont ni J. J. Abrams ni Disney. C'est la faute des fans, en tout, et pour tout. Parce qu'ils attendent ce que Star Wars n'est pas, ils attendent que ce qu'ils voient à l'écran soit exactement ce qu'ils en ont imaginé dans leurs têtes. Et ce sont eux qui ont descendu en flèche Rian Johnson et l'épisode 8. Voilà ce que vous avez fait. Et en réalité, c'est ce qui m'attriste le plus. Il y a toujours eu des détracteurs à Star Wars, mais maintenant ce sont les fans eux-mêmes qui rongent leur propre saga de l'intérieur, comme mus par une peur que les nouveaux films leur enlève ces souvenirs chéris, une peur que ce qu'ils aimaient tant ait disparu. Et comme le disait si bien Yoda...

" YODA - La peur mène à la colère. La colère mène à la haine. La haine mène à la souffrance. "

Mais rien n'a disparu. Ce n'est pas parce que de nouveaux films sont sortis que ceux de votre enfance ont changé. Ou alors, s'il y a une personne qui fait du mal à vos films adorés, c'est bien George Lucas lui-même, quand il passe son temps à remodifier ses films et en les bourrant de CGI inutile. Mais en dehors de ça, tout est pareil qu'avant. Ou non, d'ailleurs, tout est encore plus immense qu'avant.

Star Wars n'a jamais été à propos des Skywalker, et les films en eux-mêmes n'ont strictement aucune importance. Non, Star Wars est un univers. Ce qui fait l'essence de la saga, ce sont toutes ces planètes que l'on explore, de Tatooine à Hoth en passant par Ahch-To et Jeddah. Ce sont tous ces personnages et aliens qui apparaissent à l'écran ne serait-ce qu'une seconde, tous nommés, tous ayant une histoire propre ; Momaw Nadon l'Ithorien de Mos Esley, K-3PO le droïde de protocole de la Base Écho, les pilotes Dak Ralter ou Biggs Darklighter, et littéralement tous les autres. Mieux, ce sont les jeux, les livres, les courts-métrages, les projets de fans, que diable ! même les LEGO Star Wars comme ceux qui ornent mes propres étagères au moment d'écrire ces lignes, l'Étoile Noire et ses 3803 pièces, l'A-Wing de 2017 avec Lando Calrissian et sa cape en tissu, ou le chasseur géonosien de 2002 avec ses droïdes de combat rosés collector.

La postlogie s'inscrit dans cette lignée. N'as-tu pas envie de déambuler dans les allées du marché de Pasaana et ses milles couleurs ? Ne voudrais-tu pas prendre un verre de lait bleu au château de Maz Kanata, ou faire une partie de cartes au casino de Canto Bight ? N'as-tu pas rêvé de manier un sabre laser à garde d'épée comme tu avais rêvé de manier un sabre laser à double lame quand tu as découvert Dark Maul dans ce hangar de Naboo ? Les derniers films ont fait ce que Star Wars a toujours fait, nous faire voyager à travers le temps et l'espace à bord d'incroyables vaisseaux, aux côtés des plus extraordinaires espèces de la galaxie.

C'est tout ça, Star Wars. Ce n'est pas à propos des histoires que les films nous racontent, mais à propos de toutes celles qui restent à raconter. Qui nous restent à raconter. C'est cet univers tout entier qui fait des épisodes la saga certains de mes films préférés. Et c'est cela qui me rend triste, de voir tous ces fans quitter cet univers, baisser les bras, abandonner la rébellion à cause de films qu'ils n'ont pas aimés, comme s'il avait suffi simplement de cela pour anéantir leur saga favorite comme le rayon laser de l'Étoile de la Mort anéantit Aldérande.

Si je ne parlerai jamais de Star Wars, c'est parce que je ne veux pas me relancer dans des débats interminables à chaque article publié, je ne veux pas que cette saga qui me passionne tant soit entachée par ceux qui ne peuvent plus la voir en peinture. Et je ne veux pas non plus la traiter comme je le ferai avec n'importe quel autre film - exactement comme je le disais pour les dessins animés Disney, juger objectivement quelque chose qui nous marque autant et qui dépasse tellement les bords de nos écrans n'a aucun sens. Je veux garder mon âme d'enfant, ce que beaucoup n'ont plus. Je veux simplement aimer Star Wars, comme je l'ai toujours fait. Et si tu es dans le même cas que moi Billy, tu auras sans doute compris ce coup de gueule. Alors finalement, que la Force soit avec moi, et avec toi, Billy.

Pour tous les autres, je n'ai plus qu'une chose à dire. Damn you Star Wars fans, you ruined Star Wars.

Pourquoi je ne parlerai jamais de STAR WARS – Et pourquoi je le fais quand même

- Arthur

Tous les gifs et images utilisés dans cet article appartiennent à leurs ayants-droits respectifs, et c'est très bien comme ça

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