Christine Dimajo Donati est l’auteure du Management à bout de souffle, où elle propose une méthode dynamique pour s’engager dans la transition managériale. La crise sanitaire, et son impact sur le management, vient renforcer cette nécessaire transformation. Elle nous livre ici ses dernières réflexions :
L’évolution de la relation managériale qui était déjà d’actualité « le jour d’avant » revient en boomerang. Avec le confinement, les relations interpersonnelles se sont adaptées aux nouvelles contraintes, sans vraiment être réfléchies. Chacun fait de son mieux, le plus souvent en mode survie.
Six semaines de télétravail se sont écoulées et les premiers effets sont là : le cumul des rôles à la maison génère beaucoup de stress. L’environnement familial se révèle inadapté aux contraintes professionnelles. La peur des dirigeants de ne pouvoir rattraper ni le temps ni l’argent perdus se répercute en cascade sur les managers d’abord, puis sur les collaborateurs.
Les premiers signaux d’alarme apparaissent. Les relations managériales dérapent vers un excès de contrôle et de pression sur les résultats. Comble de l’ironie, le « Prenez soin de vous » qui signe la quasi-totalité des e-mails des directions se heurte à une réalité quotidienne nettement moins empathique. De part et d’autre, l’inquiétude s’installe. Le déconfinement se prolonge et nul ne peut prédire quand ni comment organiser le retour « à la normale ».
Dans cette incertitude ambiante, une chose est sûre. Le télétravail a déclenché un besoin urgent de faire évoluer les pratiques. Plus que jamais les managers doivent être pourvoyeurs de sens, faiseurs de liens de qualité et facilitateurs de nouveaux modes de coopération :
- Porteurs de sens, en aidant les collaborateurs à prendre du recul ; en les amenant à renouer avec une vision simple et précise de leur rôle dans une chaîne de production remaniée ; en les replaçant individuellement dans une interrelation dynamique où toutes les équipes sont reliées et interdépendantes.
- Faiseurs de liens authentiques, en manifestant de l’empathie et de la bienveillance. En cette période tourmentée, il est utile de croire que chacun fait vraiment de son mieux. Et même si les équipes ne sont pas au « top niveau », leur manifester de la reconnaissance et de la gratitude pour tout ce qui est déjà là est le minimum requis. Encourager, soutenir, accompagner sont les comportements espérés de part et d’autre. La solidarité et l’entraide qui sont honorées un peu partout en France en ce moment doivent trouver un prolongement dans les entreprises.
- Facilitateurs, en assouplissant partout où cela est possible les procédures trop rigides, les délais trop longs, les validations en série dévoreuses de temps et d’énergie. L’autonomie, le sens des responsabilités et la confiance forment le terreau indispensable à de nouvelles coopérations. Ces qualités doivent être encouragées pour construire en intelligence collective.
Si le télétravail s’est imposé dans la vie professionnelle, il appartient aux managers d’accepter l’invitation qui leur est proposée : investir dans une nouvelle éthique managériale en s’appuyant sur l’intelligence des collectifs.
Et vous, en tant que managers et leaders, comment pouvez-vous faire évoluer votre posture pour aller vers plus de coopération avec vos équipes ?
L’ouvrage Management à bout de souffle est enrichi par les facilitations graphiques de Capucine Bertrand, les analyses en neurosciences du Dr Bernard Anselem et des témoignages de dirigeants, notamment Michel Hervé, auteur de l’avant-propos.