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La fille de personne, Cécile Ladjali

Par Antigone

La fille de personne, Cécile Ladjali

Forte de ma lecture émerveillée d’Aral [clic ici], et parce que j’avais envie de relire Cécile Ladjali, j’ai craqué pour ce titre lorsque j’ai passé commande dernièrement auprès de ma librairie (livraison en drive dans le contexte actuel). Luce Notte est fascinée par les bibliothèques qui partent en fumée. C’est d’ailleurs l’objet de la thèse de cette jeune berlinoise, orpheline récente de mère, et de père inconnu, et qui décide de se rendre à Prague en 1912. Elle est employée chez les Kafka, où elle fait alors la connaissance du jeune Franz, qui travaille dans les assurances mais est passionné surtout par l’écriture. Il est incompris et maltraité par son père, un homme rustre. La jeune Luce devient pour le jeune homme une complice et une confidente précieuse. Plus tard, Luce fait la connaissance d’un autre écrivain, Sadeg Hedayat, à Paris. Elle est alors libraire et tente par tous les moyens d’aider cet homme hanté par la destruction. Mais La fille de personne porte avant tout la quête d’un père. Luce Notte a en effet été chargée par sa mère, juste avant son dernier souffle, de se venger de ce géniteur dont la jeune femme ne possède qu’une photo déchirée et dont elle sait qu’il a quitté le domicile conjugal en emportant la bibliothèque du couple. Cécile Ladjali a dans ce livre une écriture envoûtante, érudite, dans lequel se glissent facilement l’univers kafkaïen évoqué et les atermoiements de l’écrivain Sadeg Hedayat. Ce n’est pas un livre qui se lit pour autant avec facilité. Il demande une certaine concentration. Mais le lecteur en ressort forcément assez fasciné par ce personnage de Luce Notte, sorte de fantôme au service de l’écriture, et qui part furtivement par les escaliers en emportant avec elle des fragments inédits de manuscrits oubliés.

« Nous avons tous deux vies : La vraie, qui est celle que nous avons rêvée dans notre enfance, Et que nous continuons de rêver, adulte, sur un fond de brouillard. La fausse, qui est celle que nous vivons dans le commerce des autres, Celle qui est pratique et utile, Celle où nous finissons dans un cercueil. »

Editions Actes Sud – mars 2020

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 5


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