La critique
Film d'auteur maladroit et touchantConnu pour avoir produit des films courts des Frères Larrieu, Bertrand Bonello ou encore Sophie Fillières, François Magal (accessoirement auteur de documentaires) livre avec Une épopée son premier film. Où l’histoire d’un jeune couple de français qui part en Irlande avec pour rêve de fonder une communauté d’artiste : l’Art Forest. Mais là bas, accompagnés de leur petit enfant, ils vont surtout découvrir leurs limites, connaître les premières grandes désillusions de leur vie. Hyper sensible, ce long métrage ne manque pas de maladresses. Les acteurs ne sont pas toujours justes, il y a cette impression d’un scénario qui se cherche, quelques baisses de régime. Et pourtant, il y a toujours là sur l’écran une intensité. Lorsque les dialogues laissent place à un jeu plus en retenue, on penserait presque aux Climats de Nuri Bilge Ceylan. Il y a aussi dans cette façon de filmer les irlandais, les gens tels qu’ils sont, sans artifices, quelque chose qui nous rappelle le cinéma (encore jeune mais tout aussi prometteur) de l’américaine Kelly Reichardt.
Les images se succèdent, les défauts persistent mais il y a toujours ce quelque chose qui retient notre attention. On retiendra la démarche sincère d’un réalisateur qui ne triche pas, qui filme avec délicatesse l’avancée d’un couple vers ses premiers doutes. La vie d’artiste n’est pas évidente, la vie de couple encore moins. Avec son charme discret et sa modestie, Une épopée séduira sans aucun doute les amateurs d’un cinéma où les émotions les plus belles et les plus fortes bouillonnent à l’intérieur.