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Un jour à la fois…

Publié le 11 mai 2020 par Encoreunblogdemere
Un jour à la fois…

Premier jour de déconfinement et une incertitude qui ne nous lâche pas... Si pour nous le confinement se poursuit, je ressens le besoin de vivre cette période et cette grossesse différemment sous peine d'imploser... Attention, article perso !

Je ne sais pas si c'est la pluie qui s'est installée pour une bonne semaine ou si c'est la peur du déconfinement, si ce sont mes maux de grossesse ou l'angoisse du dernier trimestre, mais je suis un peu morose ces derniers jours (oui, j'ai aussi des jours où je suis heureuse et je ne me plains pas, incroyable mais vrai :p )

Ces temps-ci, beaucoup de choses s'accumulent et couplé au manque de sommeil + le confinement j'ai parfois du mal à garder le moral. Je vous ai déjà parlé de la difficulté d'être enceinte et hypersensible en temps de confinement, je ne vais donc pas m'étaler la dessus encore cette fois. Le truc c'est que cette grossesse est vraiment particulière, et l'aura sans doute été du début à la fin : depuis la découverte de cette " surprise " jusqu'à la préparation de l'arrivée de ce troisième enfant que l'on avait pas vraiment prévu (mais qu'on aime quand même, je vous vois venir), ce foutu diabète et le régime draconien que je dois suivre encore plus de 2 mois sans un seul écart, avec en plus le paramètre coronavirus et confinement, je pense qu'on s'en souviendra.

Si d'un côté je me dis que c'était aussi l'occasion de vivre cette période particulière et ma dernière grossesse dans une bulle avec ma petite famille, de l'autre je me dis que je n'en ai pas profité comme j'aurais du ou pu si les circonstances avaient été différentes. Et il faut apprendre à faire la paix avec ça, avec l'incertitude : ne pas savoir comment vont se dérouler les prochains mois, si l'accouchement se fera seule ou non, si tout ira bien pour bébé et moi... Je ne maitrise rien, encore moins que d'habitude, et il faut l'accepter.

Au delà de ça, si la naissance de ce bébé et la perspective de passer à 3 enfants, de retourner dans les couches et nuits hâchées après 6 ans (ok, on va dire 3 ans vu nos premières années chaotiques avec Miniloute) était pour l'instant abstraite et lointaine pour moi, ça commence à se rapprocher et ça me fait peur. Je suis partagée entre la hâte d'accueillir ce nouveau bébé, de la découvrir, de voir comment cela va se passer avec ses soeurs (qui en sont déjà gagas) et la peur de devoir recommencer la galère des nuits courtes, la fatigue, l'organisation avec un nouveau né, le baby blues qui pourrait débarquer et l'impact sur mon couple (on a respectivement 35 et 42 ans... plus vraiment la même endurance à la fatigue qu'avant !)... Comme pour chaque enfant il y a certaines craintes et doutes mais en cette période un peu compliquée tout est amplifié.

Mais d'un autre côté j'essaie de vivre au jour le jour. Un comble pour moi mais un besoin aussi... Tout est trop oppressant, le contrôle de ma glycémie et l'angoisse des taux trop hauts, la surmédicalisation de la grossesse, l'angoisse de ne pas arriver à boucler mes mois professionnellement parlant, la fatigue de gérer le travail scolaire + les enfants sans vraiment avoir 1 heure rien que pour moi depuis presque 2 mois (pour quelqu'un qui aime être seule, c'est souvent compliqué). Je ressens le besoin de vivre ça différemment. Même si je ne peux pas changer ma nature stressée ou empêcher mon cerveau de tourner à plein régime 24 heures sur 24, j'ai envie et besoin de décompresser. De vivre un jour après l'autre, de lâcher la pression. Je n'ai pas encore compris comment le faire et c'est compliqué vu les circonstances, mais je vais dépressuriser mon cerveau comme on déconfine le pays progressivement... Du moins je vais essayer.

Le ras le bol qui monte depuis plusieurs jours me fait comprendre l'urgence de la situation : je laisse tomber certaines choses qui me " gonflent ", je continue mon suivi de diabète/régime puisque c'est la condition pour qu'on me laisse (relativement) tranquille et que je n'ai pas le choix, je poursuis le travail scolaire avec les filles sur les notions " essentielles " (j'avoue je fais un tri sur le travail donné, je ne peux pas tout faire au risque d'y passer 2 heures par enfant chaque jour !). J'accepte que cette grossesse soit différente des autres, j'accepte de le vivre à ma façon avec ses hauts et ses bas. J'ignore les remarques qui me faisaient sortir de mes gonds ou pleurer, les " ne stresse pas ", " arrête de t'en faire ", " mais enfin lâche prise un peu ! " qui partent souvent d'un bon sentiment mais font plus de mal que de bien si je m'y attarde. Les gens ne peuvent pas se mettre à ma place, c'est un fait, mais certains savent écouter, juste écouter, sans juger.

Un jour à la fois. Un jour à tenter de jongler entre travail, enfants, école, grossesse, fatigue et confinement. Si aujourd'hui est difficile, demain sera peut-être meilleur.

Un jour à la fois, chaque jour me rapprochant de la fin de cette grossesse difficile et du début d'une nouvelle vie à 5. La perspective d'un soulagement mais aussi la peur de l'inconnu. Chaque jour passé nous y prépare un peu plus, même si il faut accepter qu'on ne sera peut-être jamais prêts.

Un jour à la fois, en huis clos avec mes personnes préférées du monde entier, même quand elles me rendent chèvre et me font crier à 23 heures parce que " bordel je veux 5 minutes de calme, c'est trop demander ? " Un jour de plus à sentir ses coups sous ma peau, à ne l'avoir rien que pour moi.

On ne sait pas de quoi sera fait demain, quand est ce qu'on pourra reprendre une vie " normale " malgré le déconfinement qui débute aujourd'hui. Alors on y va à tâtons en profitant de ce qu'on a, la chance de poursuivre notre confinement familial encore quelques semaines.

Un jour à la fois...

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