Je parle souvent de surprise… Comment est-il possible que je sois encore, depuis le temps que j’écoute de la musique, surpris par une nouvelle œuvre ou une nouvelle artiste ? Appelons cela de la magie – oui, comment le justifier autrement ? – mais également de la naïveté qui fait que l’on repart à chaque fois presque de zéro, avec des a priori, des craintes ou, parfois aussi, beaucoup trop d’espérance.
Car, non, je ne m’attendais tout simplement pas à tomber littéralement à genoux devant Asile Exquis… D’où provient donc ce don que possède Schérazade pour nous emporter avec elle dans un univers aussi inconnu que familier ?! L’aide d’un certain Renaud Létang (dont je vous ai déjà parlé pour des artistes aussi divers que Manu Chao, Bebe, Jarvis Cocker et Chilly Gonzales ou encore Peaches) n’y est pas non plus étrangère.
Je ne saurais même pas vous dire ce qui me transporte le plus : sa voix d’une chaleur incroyable ? Les paroles qui me transpercent comme le plus beau des romans à sa toute première lecture ? La musique qui défie les règles bien trop ennuyeuses habituellement – et je ne m’en excuse même pas – de la musique française actuelle ?
Sur ce premier album, et cela alors même qu’elle chante essentiellement en français (une petite touche d’anglais sur « I don’t wanna sleep alone tonight »… comme un pied de nez aux Anglo-saxons qui adorent dire « Voulez-vous coucher avec moi, ce soir ? », ainsi qu’un somptueux final en arabe, « Ahwak »), Schérazade s’impose comme une grande artiste comme il en existe habituellement plutôt de l’autre côté de la Manche que sur le continent. Léonard Lasry et son label 29 Music ne s’y sont pas trompés !
Pop, R’n’B, chanson française… arrêtons de chercher une étiquette, il y en a déjà une : et c’est un asile exquis.
(in Heepro Music, le 27/05/2020)
éèé
Jeu de briques
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