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La chute n'en sera que plus rêche

Publié le 03 juin 2020 par Paulo Lobo
La chute n'en sera que plus rêcheCes derniers temps, je vous ai un peu délaissés. J'en suis navré, je n'avais pas grand chose à vous dire, mais vous auriez mérité de l'apprendre de vive voix. Ne soyez pas offusqués par ma franchise, je ne voudrais pas partir sur des idées préconçues. Ce n'est pas que votre visage ne m'émeut pas. Il m'indiffère, je suis insensible aux surfaces superficielles, aux façades de circonstance, je me méfie de tout ce qui est maquillage, tatouage, cadrage. Ces mille et une façons que nous avons de nous mettre en scène, d'enclencher la trame narrative autour de notre personnage. De repeindre en rose le moindre objet que nous touchons.
Pourtant, c'est ainsi que les hommes - et les femmes - vivent.
C'est ainsi que les hommes - et les femmes - rêvent.
Que de cohues, de bousculades, de camouflets, tout le monde tirant à vue sur tout le monde.
Parce que tu fais partie du problème.
Avec tes privilèges, ta suffisance, ta naïveté. 
Ta vie et ta santé sont une insulte pour nous, les opprimés. 
Parenthèse refermée. Je préfère la lyre dans la vallée. Je préfère la clef des champs et celle que l'on laisse sur la porte. Je préfère la splendeur des coquelicots soufflés par le vent.
Quand je choisis de m'évader par l'esprit, vous pouvez penser que je suis égoïste.
Je le suis probablement. Si c'est un choix délibéré, je ne sais pas. Peut-être est-ce dans ma nature. Mais on explique et légitime tellement de choses viles en se résignant à la condition humaine. Comment faire pour échapper à sa propre nature?
Comme disait l'autre, tu es ce que tu es, et fais attention à ne pas te brûler les ailes.
La chute n'en sera que plus belle.

What though the radiance which was once so bright   
Be now for ever taken from my sight,    
    Though nothing can bring back the hour    
Of splend
our in the grass, of glory in the flower;    
      We will grieve not, rather find    
      Strength in what remains behind;   
      In the primal sympathy    
      Which having been must ever be;    
      In the soothing thoughts that spring    
      Out of human suffering;    
      In the faith that looks through death,   
Thanks to the human heart by which we live,    
Thanks to its tenderness, its joys, and fears,    
To me the meanest flower that blows can give    
Thoughts that do often lie too deep for tears
.    
(William Wordsworth - Splendour in the grass)

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