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La trouille au ventre.

Publié le 09 juin 2020 par Encoreunblogdemere
La trouille au ventre.

J'ai la trouille depuis des mois. Des années surement, mais pas comme ça. Parce qu'il y a 7 mois j'apprenais qu'une nouvelle grossesse, pas prévue du tout au programme, s'était invitée dans notre vie, comme ça. Peu importe si j'aurais pu l'éviter (bien qu'aux dernières nouvelles il faille être deux pour ça...), la nouvelle était là et elle bouleversait tout.

J'ai passé 3 mois à être mal, physiquement et mentalement. J'en reparlais ce matin avec une lectrice sur instagram, ce premier trimestre aura été dur même si j'ai été au final moins malade que pour mes deux premiers enfants. Mais cette peur ne me lâchait pas.

Comment on va faire ? Est ce qu'on va y arriver ? Est ce que je vais péter un câble, moi qui suis déjà à bout de patience avec deux grands enfants ? Qu'est ce que je vais faire de toutes ces émotions ? Est ce qu'il va me quitter ? Est ce qu'on va tenir ? Est ce qu'il m'en voudra, maintenant ou plus tard ? Est ce que tout redeviendra un jour comme avant, ou presque ?

Je n'ai rien pu prévoir et je ne peux rien prévoir non plus. Une horreur pour l'angoissée du contrôle.

Je peux très bien me dire, dans les bons jours, que c'est une manière détournée de la vie pour me faire enfin lâcher prise. Que c'est un cadeau. Et bien sûr que la plupart du temps je vois cette dernière grossesse comme une chance, sinon je ne l'aurai jamais saisie. Mais tout de même, la peur est là, tapie dans l'ombre.

Est ce qu'elles vont se sentir délaissées ? Est ce que je vais réussir à être présente pour 3 enfants ? Est ce que je vais continuer à être cette maman qui perd patience et crie tout le temps (merci le confinement et la continuité pédagogique pour le mini burn out qui me fait l'effet d'un retour en arrière) ? Est ce que ça me rendra meilleure ou pire ? Est ce qu'elles vont me rejeter après la naissance de ce bébé ?

Le deuxième trimestre a mis la peur en sourdine, presque en pause.

Et puis le confinement. Et puis la peur du virus, l'angoisse qui prend aux tripes. La peur n'a plus le même objet, c'est toujours ça. Maintenant j'ai peur pour ma famille, pour mon bébé. Pour notre équilibre mental, parental, de couple entre 4 murs.

Et puis le déconfinement, la peur de la fameuse " deuxième vague ". Est ce que la peur s'en va, un jour ? Un peu, puisqu'on ressort, on respire, on retourne tout doucement à une vie moins confinée. Même si pas de place en classe, même si on reste tous entre 4 murs. Mais on sort, un peu, on essaie de trouver un équilibre entre risque et confinement.

Et puis la MAP. Les contractions qui font peur, l'imprévu d'une naissance trop tôt. La peur d'accoucher bien avant terme, la peur de la mettre en danger. Les journées au lit, à redouter la moindre contraction. Les soirées au lit, à deux pas de leur chambre, à leur demander (plus ou moins calmement) toutes les 2 minutes d'arrêter de crier, de retourner se coucher, de se calmer, de dormir " bordel, il est 23h, ça fait 2 heures que vous êtes au lit, pitié, chut "

On me demande de garder " le repos ", que je ne trouve quasiment pas. Rester allongée est compliqué, mais mon corps me rappelle vite à l'ordre avec des séries de contractions anxiogènes. La journée, j'essaie de garder le lit, mais il y a les devoirs, l'isolement qui pèse (le comble pour une solitaire qui ne rêve que de ça en confinement), le papa qui doit quand même télétravailler, et puis les enfants qui te sollicitent quand même. La nuit, je me lève 3 à 4 fois (fin de grossesse oblige), je cogite, j'angoisse, je ne trouve pas le repos non plus. Parce que la peur a repris sa forme d'origine au fur et à mesure que l'échéance approche : on va bel et bien avoir un 3ème enfant, on va avoir 3 enfants, comment on va s'en sortir ? Peur de la rencontre, peur de l'accouchement, peur de la fatigue, peur du RGO, des premiers mois, du bouleversement et de l'inattendu.

La peur aux tripes, quoi.

Couplée à la peur toujours présente d'accoucher trop tôt. Il nous reste 2 semaines avant le fameux cap des 37 SA. 2 semaines à tenter de garder le lit et le repos. Je dis tenter parce que c'est un exercice périlleux chaque jour. Et parce qu'une grande partie de moi se sent coupable de " rester à rien foutre " au lit ou dans le canapé 20h sur 24. Je prends soin d'un bébé que j'aime déjà énormément mais parfois je me sens comme déconnectée. Comme si la peur m'empêchait de vivre cette grossesse, comme si l'appréhension me séparait de chaque instant. Je n'ose pas parler, ni communiquer, me plaindre ou me confier, parce que j'ai toujours peur d'être jugée, mal comprise, en situation de conflit ou de faiblesse.

Bien sûr qu'une grande partie de moi a hâte de vivre ces instants à 5 malgré tout. Bien sûr que si on a fait le choix d'accepter ce petit bouleversement de la vie, c'est parce qu'on s'en sent capables. Mais ça n'empêche pas d'être humain et d'avoir peur.
Je parle pour moi parce que je ne sais pas vraiment ce que monsieur en pense et qu'il serait bien présomptueux de penser à sa place ou celles de nos filles. Je tente de me rassurer en me disant que c'est normal d'avoir ces appréhensions. Après tout j'en ai eu aussi à chaque grossesse, particulièrement à la fin. Cette dualité entre attente et peur de l'inconnu, je ne suis forcément pas seule à la vivre...

C'est pour ça que je voulais en parler ici. Lâcher les mots que je n'arrive pas à dire tout haut sur le clavier.
Parce que derrière les jolis clichés de ventre rond, de maternité épanouie, d'enfants qui sourient, d'intérieur scandinave aux 1000 plantes vertes, il y a la vraie vie. Il y a des humains imparfaits qui ont peur du lendemain, il y a des futures mamans qui se demandent si elles y arriveront, si elles aimeront ce bébé autant que les premiers, si elles ne vont pas tout faire voler en éclat après avoir galéré à trouver un équilibre.

Depuis mon lit, couchée pour éviter une sortie anticipée à ce bébé pas du tout anticipé, j'ai plein d'interrogations, de doutes. J'ai aussi la conviction que j'aimerai ce bébé quoiqu'il arrive. Qu'on fera tous de notre mieux pour trouver un rythme et un semblant d'équilibre, à force de tâtonner. Mais je pleure quand les hormones, la fatigue et l'angoisse se font trop présentes. Quand je me sens noyée dans tout ça et un peu seule parfois. La grossesse, la maternité, la vie de parent, ce n'est pas tout à fait les jolies photos avec filtre sur instagram ou papier glacé. La vraie vie peut être terrifiante aussi, comme elle peut être magnifique et ponctuée de moments de grâce et de bonheurs simples.

Je ne sais pas du tout ce que donnera cette nouvelle vie à 5. J'en ai une peur bleue certes, mais je l'attends aussi. Avec l'espoir qu'on gardera le cap malgré tout, à force d'amour, d'apprentissages maladroits et, si j'arrive enfin à me faire violence, de communication.


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