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Exposition “Le Cours des choses ” & “Irma Blank” – Bordeaux

Publié le 19 juin 2020 par Philippe Cadu

Du 27 juin au 16 aout 2020

www.capc-bordeaux.fr

Le Cours des choses

Empruntant son titre à un film devenu iconique du célèbre duo d'artistes Peter Fischli et David Weiss, l'exposition Le Cours des choses réunit dans l'espace de la nef du CAPC une trentaine de films et vidéos d'artistes dont les œuvres peuvent être réinterprétées à l'aune de la crise sanitaire actuelle.

Pensée en réaction immédiate à la pandémie du COVID-19 ayant conduit à l'auto-isolement de près de la moitié de la population mondiale et à l'arrêt brutal de toutes les activités non essentielles à la gestion de la crise, cette présentation s'est construite pendant les quelques semaines qu'aura duré le confinement en France.

En rassemblant une sélection d'œuvres filmiques ou vidéo rattachées plus ou moins directement à ce moment circonstanciel inédit, le projet tire le portrait de son époque en évoquant tour à tour la vie domestique et familiale, l'interruption ou l'intensification du travail ( bore out vs burn out), le nouvel ordre hygiéniste, l'absorption du réel via les médias et les plateformes numériques, l'hyperconnectivité, la folie du bricolage et du sport solitaire, le care, l'exacerbation des fractures sociales, la nature reprenant ses droits, la peur de la foule ou de la solitude - autant de situations propres à cette période, rencontrées ou vécues par procuration, et convoquées métaphoriquement par les différentes œuvres exposées. Si la plupart d'entre elles, préexistantes à la crise, se doublent ici d'un sens nouveau, d'autres en sont directement issues et ont été réalisées par leurs auteurs pendant leurs confinements respectifs (Hoël Duret, John Smith). Tirant profit des nouvelles règles de rigueur dans les établissements accueillant du public, la scénographie imaginée pour l'exposition privilégie le visionnage de ces travaux en solo, en toute sécurité.

À l'image du film de Fischli et Weiss qui met en scène, dans l'espace de l'atelier, une suite de réactions en chaine où le principe de cause à effet préside et où l'on assiste, ébahis, à un enchaînement de catastrophes savamment orchestrées, le projet éponyme du CAPC aborde, de manière jubilatoire, la précarité de tout système. Il démontre comment, en réponse à des dispositifs qui explosent, se répandent et s'enflamment de toute part, il faut pouvoir en toute circonstance s'adapter au cours des choses.

Avec des films et des vidéos de :
Absalon, Nevin Aladağ, Bertille Bak, John Baldessari, Oliver Beer, Guy Ben-Ner, Sylvie Blocher, Clément Cogitore, Marie Cool Fabio Balducci, Pauline Curnier Jardin, Stephen Dean, Alain Della Negra & Kaori Kinoshita, Hoël Duret, Anne-Charlotte Finel, Peter Fischli & David Weiss, Lola Gonzàlez, João Maria Gusmão + Pedro Paiva, Rebecca Horn, Eduardo Kac, Mark Leckey, Jonas Mekas, Nicolas Moulin, Bruce Nauman, Julien Prévieux, Jon Rafman, Lili Reynaud-Dewar, Ben Rivers, Józef Robakowski, John Smith, SUPERFLEX, Jonathan Vinel, Clemens von Wedemeyer

Commissaires : Alice Motard et Sandra Patron, assistées d'Alice Cavender

Irma Blank

En 1973, Irma Blank déménage à Milan, où elle vit et travaille encore aujourd'hui. La série Trascrizioni (1973-1979) part de ses lectures courantes (journaux, poésie, etc.) pour en transcrire les pages avec une écriture asémantique, c'est-à-dire en reproduisant l'apparence et la disposition du texte sur le papier plutôt que ses lettres, mots ou phrases.

Ses Radical Writings (1983-1996) sont des tableaux ou dessins sur carton indexés à la durée de sa respiration, où la couleur prend plus d'ampleur. Dans cette série, elle s'attache surtout au bleu, couleur traditionnelle de l'encre et de l'écriture autographe, qui évoque aussi l'harmonie et l'utopie, tout en utilisant le rose et le rouge qu'elle associe à l'énergie et à la raison.

Au tournant du siècle, Irma Blank commence sa série la plus longue et la plus protéiforme, Global Writings (2000-2016), dans l'optique de développer une " écriture universelle ". Elle invente un alphabet composé de huit consonnes avec lequel elle compose des textes-dessins ou utilise l'ordinateur pour créer des superpositions de textes sérigraphiés sur toile ou aluminium.

À la suite d'un problème de santé qui immobilise le côté droit de son corps, elle apprend à dessiner de la main gauche et réalise, depuis 2017, la série Gehen, Second Life (" aller, seconde vie "), produisant des lignes horizontales sur la feuille, telle une page où la ligne est à la fois celle du cahier et celle de l'écrit. L'expérience, menée au rythme d'une chorégraphie ralentie, lui permet de découvrir comment la danse de la ligne prend son départ dans le corps de l'écrivant.

Exposition rétrospective de l'artiste, BLANK se déploie en sept projets qui s'adaptent à chaque lieu de son itinérance. Au CAPC, l'exposition est conçue en écho à l'architecture en miroir des espaces du musée, à la manière d'un livre ouvert, mais aussi en référence aux hémisphères droit et gauche du cerveau. Manifestant la variance émotionnelle de l'œuvre d'Irma Blank, ainsi que son rapport au livre et à l'écriture par le biais du dessin en général et de la ligne en particulier, ce double contrepoint est l'occasion de se plonger, d'un côté, dans un travail introspectif et, de s'ouvrir, de l'autre, au monde et à la communication. Pour la première fois, une série de performances historiques de l'artiste seront réactivées avec la complicité d'étudiants d'écoles de théâtre, de danse et de musique du territoire.

Irma Blank est représentée par P420, Bologne.

Commissaires : Johana Carrier et Joana P. R. Neves CAPC, Entrepôt Lainé. 7 rue Ferrère, 33000 Bordeaux

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