
Depuis plusieurs années, le Japon a le vent en poupe chez les éditeurs. Récits, carnets de voyage, et adaptations de blog BD fleurissent dans les rayons des libraires. Je reste souvent dubitative sur leur intérêt réel, outre l’exotisme de façade. Entre stéréotypes et ambiance « kikoulolbisous » sans analyse ni poésie, le Japon présenté me paraît bien simpliste et caricatural, très éloigné du pays qui me fascine. Cet a priori négatif m’a tenu à distance du livre de Joranne jusqu’à ce qu’Alice, du blog Lire le Japon m’incite à le lire. Et je lui suis grandement reconnaissante ! Nonobstant la qualité des illustrations et du travail graphique de Joranne que je connaissais déjà, l’humour n’est pas ma tasse de thé. Je me suis donc plongée dans cette lecture avec circonspection. Quelques pages plus tard, happée par les différentes légendes plus ou moins farfelues sur les origines des maneki-neko, j’étais conquise. L’ouvrage présente un panel d’objets emblématiques du Japon, certains très connus, d’autres plus confidentiels (comme les kiuso qui m’ont ému).
Que vous soyez féru de Japon ou ignorant mais curieux, vous trouverez votre bonheur. Cet album mêle photos documentaires, textes rigolos et informatifs, illustrations réalistes et adorables, ainsi que dessins dérisoires de la narratrice qui y va de ses commentaires un peu débiles et plein d’entrain. Avec une franchise rafraichissante, parfois crue, jamais vulgaire, Joranne raconte la vie de ces objets incontournables du Japon, des grandes aux petites histoires sans se limiter au folklore. Elle incorpore les évolutions récentes, les fausses rumeurs (comme le lien entre kokeshi et enfants morts) et expose le talent incommensurable des Japonais, capables de vendre des objets même quand leur fonction première n’existe plus (par exemple protéger de la variole pour les daruma). Tous ceux liés à la religion ont l’avantage d’être détruit par le feu lors de rites annuels, et donc d’être remplacés, contre monnaie sonnante et trébuchantes. Ils sont forts ces Japonais ! J’ajouterai pour ceux qui, comme moi, sont des adeptes des washlets, les fameuses toilettes japonaises, que le livre de Joranne m’a rappelé un passage très drôle du recueil de poésie Tokyo infra-ordinaire de Jacques Roubaud dont je vous conseille vivement la lecture.



