Lip, dans la revue Ballast n°8

Le nom de Lip reste associé à un grand mouvement de lutte ouvrière des années 1960 et suivantes. Le numéro 8 de la revue Ballast publie un entretien avec Charles Piaget, délégué syndical de cette époque dans l’entreprise. Et cet entretien semble tout à fait correspondre avec le sous-titre de Ballast : « Tenir tête, fédérer, amorcer ». Il faut en effet remonter à la prise de conscience du jeune Charles Piaget dans les années 1950. Toujours les mêmes méthodes patronales : on ne sait pas comment ça se passe dans l’entreprise, chacun est accompagné à son poste quand il débute et il ne connaît que cette place. C’est après un mouvement contre le non paiement d’heures supplémentaires que Charles Piaget devient délégué syndical et, de ce fait, découvre les conditions de travail des autres salariés. Confrontés à un patron qui pouvait se montrer violent, les syndiqués décident de se former pour informer. Et, un peu plus tard, d’organiser la décision collective dans des assemblées générales hors des pressions de l’encadrement et où chaque voix devait être entendue. C’est ainsi que les femmes ont exprimé elles-mêmes leurs revendications, modifiant celles que les hommes avaient exprimé pour elles, et c’est aussi ainsi que Charles Piaget s’est rendu compte que sa conception d’une organisation démocratique et égalitaire pouvait avoir un effet sur sa vie familiale. Dans l’entreprise Lip, et dans son action syndicale, il a défendu l’idée que les travailleurs n’étaient pas d’abord des salariés mais surtout des producteurs et qu’il fallait organiser le travail dans ce sens. C’est l’idée de l’autogestion. Mais sa mise en oeuvre n’est pas facile. Les médias ont besoin de désigner un leader et les politiques comme Giscard d’Estaing veulent « punir les Lip » et en faire des chômeurs…

image extraite de la BD de Laurent Galandon et Damien Vidal (éditions Dargaud)