C'est un roman étonnant et saisissant que celui-ci. Ecrit par Christiane Singer, dont j'apprécie les essais comme les romans, il nous plonge dans un temps d'épidémie. C'est de saison.
En 1679, à Vienne, chez les nobles, plus spécialement chez Balthasar de Lichtenburg, on mange, on chasse, on gaspille. C'est là que le jeune Johannes préfère traîner avec les palefreniers qu'avec les siens. Quand à Éléonore, sa mère, elle ne fait que perdre des enfants et supporter son mari avec froideur. On découvre cette famille lors d'un dîner particulièrement inquiétant, après un suicide. On parcourt Vienne avec elle, on note la morgue et le mépris des riches, on découvre l'horreur de la vie des plus pauvres. Bref, c'est peu ragoutant. Et puis, survient la grande faucheuse, la peste, l'épidémie, qui ravage la cité, faisant fuir les riches, se nourrissant des pauvres, enterrant des hommes par milliers. Mais ce temps de mort est aussi un temps de vie, de vie plus féroce, dévorée, passionnée. Un temps où la mort met tout le monde à égalité, poussant certains à des folies.
Roman de contrastes, d'une société décadente et gavée, il est plaisant à lire par son écriture et sa narration. Attention, âmes sensibles, il y a de la violence dans cet ouvrage.