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La travestie de Venise de Virginia Henley

Par Artemissia Gold @SongeD1NuitDete

De tout temps, j'aime lire des romances historiques. Toutefois, depuis quelques années, je trouve que les nouveaux titres qui sortent en librairie ne se renouvellent pas, nous offrant simplement un décor et des costumes. Du coup, je me suis mise à faire le tri dans ma bibliothèque et je la complète au fur et à mesure avec les titres qui me manquent. Ceux dont je me souviens et qui m'avaient beaucoup plu quand je les avais lus il y a longtemps.

J'hésitais à en faire des billets, parce qu'ils ne sont plus disponibles à la vente en neuf, mais... j'avais envie d'en parler et de garder une trace quelque part.

La travestie de Venise de Virginia Henley

A la mort de son frère jumeau disparu en mer, Antonia décide d'usurper son identité afin de préserver l'héritage familial. Mais Adam Savage, le tuteur des jumeaux, est de retour en Angleterre. Parti faire fortune en Inde, il est un peu surpris de retrouver Tony si timide et si prude ! Quelque peu efféminé à vrai dire... Une reprise en main s'impose. D'autant que le bel Adam, grand séducteur, est ravi de faire profiter ce " jeune homme " de son expérience en la matière. Soirées dans les tripots londoniens, bals somptueux, croisières à Venise, tous les moyens sont bons pour Adam, bien résolu à faire de Tony un homme. Sans se douter qu'Antonia ne rêve que d'une chose : qu'il fasse d'elle une femme !

Virginia Henley fait partie de ses autrices de romances historiques controversée du fait de ses héros très... archaïques et macho, dirons-nous.

Personnellement, j'adorais son style quand j'étais plus jeune ! Je garde de très bons souvenirs de ses histoires, qui, pour la plupart, s'appuient sur un fond (solide) de réalité historique.

Pour ce titre, ce qui m'a donné envie de le relire c'est le fait que durant la grande majorité du roman, l'héroïne se travestie en homme sans jamais éveiller les soupçons du héros.

La première chose qui m'a fait tiquer est la jeunesse d'Antonia : 16 ans au début, peut-être 17 ans vers la fin (mais la temporalité est mal explicitée dans ce roman). Oui, vous avez bien lu. Ensuite, le héros, Adam Savage qui au départ était prêt à épouser la mère d'Antonia alors nouvellement veuve.

Cela se lisait beaucoup à l'époque (dans les années 80/90). Dans un premier temps, le héros viril et sombre avait une histoire avec la mère avant de se pencher sur la fille (je repense notamment au roman de Shirlee Busbee Lady Vixen. Le héros avait été fou amoureux de la mère et trahi par cette dernière, il décide de se venger avec la fille...)

Adam est un héros typique d'un autre temps, et ce pour bien des raisons... Si cette romance historique devait être rééditée en 2020 ou plus tard, il faudrait prendre en compte l'année où elle a été écrite et le fait également qu'à l'époque de ces titres( il y a 25/26 ans), on n'effaçait pas le passé ni les mœurs au profit des idéaux modernes.

De fait, Adam est... un homme viril, têtu, qui ne fait pas grand cas des femmes. Il veut se marier et est prêt à prendre la première venue sous prétexte qu'elle est belle, encore à peu près fraîche et... c'est tout. Oui, ça peut dégoûtée la jeune fille élevée dans un contexte féministe.

Sa rencontre avec Antonia qui se fait passer pour son frère jumeau se fera sans anicroche bien qu'Adam soit déçu par l'aspect frêle et efféminé de son pupille. Quel idiot ! J'admets avoir ri devant son aveuglement à ne rien voir, trop préoccupé par sa petite personne.

En toute franchise, j'ai adoré la façon dont Antonia le berne sans qu'il ne s'aperçoive de rien...

Toutes les idées qu'Adam s'était faites de son pupille s'évanouirent. L'adolescent élancé qui sursauta de frayeur en le voyant avait l'air si jeune, si peu viril qu'il en éprouva une profonde déception.
- Tony ? Je suis Adam. Adam Savage. Je suis désolé d'apprendre ce qui s'est passé.
Le regard du garçon s'embua.
- Je sais que vous étiez très proches l'un de l'autre mais si votre sœur vous voyait, elle ne tolérerait pas que vous vous apitoyiez sur son sort. Je vais être direct : la mort fait partie de la vie et il faut savoir l'accepter. Relevez le front et battez- vous ! Pensez plutôt aux bons moments que vous avez vécus ensemble et croquez dans la vie à belles dents. Vous avez à vivre pour deux, à présent !
Antonia bouillait de rage. Comment osait-il ? Virginia Henley - La travestie de Venise - © ed. J'ai Lu 1995

Leur relation sera amusante durant la plus grande partie du récit (avec Adam qui essaie de rendre " Tony " plus viril) jusqu'à ce qu'Antonia décide de la séduire, car de bien entendu, elle se retrouve vite amoureuse de lui.

La travestie de Venise doit son titre à un seul passage du roman. Celui où les héros se rendent à Venise et/ou Antonia troque les affaires de son frère pour endosser le rôle d'une femme fatale dans le but de séduire l'homme qu'elle aime et se prouver ainsi qu'elle est aussi désirable que sa chère maman.

Comme de bien entendu, Adam succombe et pas qu'un peu ! De retour en Angleterre il fera tout pour retrouver sa belle inconnue. Antonia quant à elle commence à se dire que la supercherie à assez duré, d'autant plus que son affreux cousin est bien décidé à l'éliminer pour récupérer le titre de son frère et tout ce qui va avec !

Ce qui m'a agacée, voire énervée, c'est le fait qu'Adam ne se rende compte de rien. Il a une opinion si négative de son pupille qu'il croit tous les mensonges que lui conte l'affreux cousin.

La travestie de Venise de Virginia Henley

Bref, dans l'ensemble (oui, non, parce que je ne vais pas vous raconter tout le roman non plus), j'ai passé un excellent moment rempli de nostalgie bien que certains détails m'aient dérangée.

Déjà le caractère impulsif et capricieux d'Antonia... jusqu'à la fin... Elle a des réactions vraiment limites et qui poussent au quiproquo juste pour nous offrir des ascenseurs émotionnels et nous tenir en haleine. Mais j'en ai trouvé certains (des quiproquos) un peu trop gros.
Pareil pour Adam qui aurait mérité d'être plus travaillé. L'autrice ne dévoile pas assez ses pensées profondes ce qui peut le montrer froid et antipathique à bien des égards.

Le twist de fin est sympa même si prévisible et certains personnages secondaires auraient mérité d'être également plus fouillés.

Si vous aimez les romances historiques avec des personnages hauts en couleur, brut de décoffrage, ce titre pourrait vous plaire.

Pour le plaisir, voici la couverture de la première édition datant de 1995 (25 ans) que je préfère largement à la seconde.

La travestie de Venise de Virginia Henley

La travestie de Venise de Virginia Henley


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