Le présentateur du JT : Le gouvernement argentin est parvenu à réduire de plus de 45 % le remboursement de la dette.
Macri : Ils sont en train de détruire ce que j’ai laissé en héritage.
Traduction © Denise Anne Clavilier Depuis la France où il séjourne et d’un ton patelin horripilant, Mauricio Macri, la bouche en cœur, a publié quelques lieux communs moralisateurs en guise de commentaire. A le lire, on croirait qu'il n'a aucune responsabilité dans la situation actuelle du pays. Ce qui a provoqué une nouvelle vague de rejet contre ce leader qui semble agir à l’encontre des intérêts du pays et même de son propre camp politique.
Dans la vignette de manchette, en noir et blanc, le même Daniel Paz, mais cette fois-ci avec son partenaire Rudy, enfonce le clou :
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Lui (personnage anonyme que Paz dessine souvent pour symboliser le politicien libéral lambda) : Maintenant, ils félicitent tous Gúzman (2) et Alberto (3)pour l’accord avec les détenteurs des bons de l’emprunt argentin. Et nous alors ? Elle : Vous, quoi ? Lui : Si nous, nous n’avions pas endetté le pays, rien de tout cela n’aurait été possible ! Traduction © Denise Anne Clavilier Miguel Rep, l'autre dessinateur de la rédaction, s’est lui aussi amusé de cette réaction déplacée de l’ancien président qu’au début de son mandat, en 2015, il représentait sous le trait d’un bis-roi (birrey) pour souligner le caractère rétrograde de sa politique et de son comportement de « gosse de riche » (nene rico) qui est ressorti publiquement avec ce voyage indécent à Paris, en pleine crise sanitaire. Le titre historique des vice-rois s’écrit virrey en espagnol mais se prononce à peu près comme « birrey ». Le dernier vice-roi nommé à Buenos Aires, l’amiral Baltasar Hidalgo de Cisneros, est resté dans l’imaginaire populaire comme un homme arrogant qui n’écoutait rien ni personne (4).Cliquez sur l'image pour une résolution optimale
Notre birrey est donc à Paris où il manifeste, comme l’ont fait contre lui lundi un collectif argentin au Trocadéro, et avec un train de retard, il brandit ce slogan imbécile : « Non à l’accord avec le FMI ». C’est lui qui l’a signé, il y a deux ans, au mépris de toutes les manifestations en Argentine, sans passer par le Congrès et en empruntant beaucoup plus que ce que les règles du FMI, dirigé alors par Christine Lagarde, autorisaient (5).
Pour en savoir plus : lire l’article de Página/12 sur l’accord obtenu
lire l’article de La Prensa sur le même sujet lire l’article de Página/12 sur le commentaire "éhonté" de Macri lire l’article de La Prensa sur le même sujet découvrir et écouter Los Mareados sur la page que Todo Tango lui consacre sur son site Internet.
(1) Ce grand classique du répertoire fait partie du corpus que j’ai présenté en texte original et traduction en français dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, Éditions du Jasmin (2010). Ce travail fera partie des livres que je présenterai le 24 septembre prochain à l’Espace L’Autre Livre, à Paris, dans la soirée Argentine proposée par mon éditeur. (2) Martín Gúzman est le ministre de l’Économie.
(3) Alberto Fernández, le président argentin. Comme beaucoup d’Argentins, Paz et Rudy appellent le chef de l’État par son prénom.
(4) Il avait des excuses. Il avait fait toute sa carrière dans la marine espagnole, il ne connaissait donc rien à l’administration coloniale. De surcroît, il avait eu les deux tympans percés par le fracas de l’artillerie à Trafalgar dont il était, sur les neuf amiraux espagnols combattants, l’un des trois survivants. C’était donc à la fois un héros de guerre, qui s’était résolument engagé contre l’invasion de l’Espagne par les troupes de Napoléon, et un grand invalide.
(5) Cette dette contractée auprès du FMI par l’Argentine sous la présidence de Macri a pu faire l’objet d’un accord de restructuration dès que Lagarde a quitté le Fonds pour la Banque Centrale Européenne.