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Vidéo France 3: “Les moniteurs d’escalade veulent en finir avec la limite d’altitude”

Publié le 02 août 2020 par Fredvionnet @grimpisme

Fermement décidés à faire bouger les choses dans le bon sens au sujet de la limite d’altitude des BE/DE escalade (voir cet article), nous sommes une équipe de professionnels de Haute Savoie à nous être mobilisés. Nous avons contactés différents acteurs du monde médiatique afin de pouvoir exprimer notre point de vue de manière plus large. En attendant la suite, voici ci-dessous le premier reportage que nous a accordé France 3 Alpes.

J’ai essayé de l’éviter, tout en sachant que cela serait inévitable, mais les suites de ce reportage et de sa propagation sur les réseaux sociaux ont abouti à une opposition entre quelques guides et quelques moniteurs d’escalade. Alors que personne n’a rien à y gagner évidemment.

La plupart des guides comprennent l’aberration de cette limite d’altitude et n’hésitent pas à le dire ouvertement (même des « grands noms » d’ailleurs…). La majorité des BD/DE escalade ont des guides parmi leur amis/collègues/associés et n’ont aucune envie de leur piquer leur travail. Ca se passe comme ça chez Grimpisme d’ailleurs.

« Passes le guide » est l’argument primaire que l’on peut lire ou entendre. A mon avis il est hors sujet (on parle d’escalade, pas de ski, de glace ou autre), révèle une peur économique et reflète une incompréhension de la MUTATION qu’est en train de vivre l’escalade sportive.

Concernant l’aspect économique de la vie d’un guide de haute montagne, je ne m’exprimerai pas car cela ne me concerne pas. Je ne connais pas assez bien cette problématique. Chacun ses soucis et ses erreurs.

Par contre, je pense être légitime pour parler d’escalade et de son évolution.
Nous sommes de plus en plus de professionnels à suivre des clients locaux à l’année. Par les salles d’escalade, les clubs et nos propres sites web, nous avons une clientèle suivie, généralement de septembre à début juillet. L’été on respire, les autres 10 mois et demi on travaille à fond. Fini les « saisons » comme on dit !
Ce travail de coach, ou encore entraineur, nous assure des revenus réguliers, moins sujets aux aléas météorologiques et surtout à la fréquentation touristique. C’est plus contraignant car il faut sans cesse se former, se perfectionner dans de nombreux domaines pour faire progresser les gens, et être disponible en weekend et soirées. Par contre on en retire plus de satisfaction (je parle de mon cas personnel). Et l’été on peut profiter pour récupérer.

Nous avons donc une clientèle qui « grimpe bien » (dans le 6 et le 7) et qui a des demandes précises. Il ne me semble pas insensé de demander d’avoir le droit d’emmener ces clients grimper aux Tours d’Areu, au Sappey, au col de la Colombière ou encore Céüse !!!! A qui vais-je « piquer des clients » dans ce cas ? Quel est le chiffre d’affaire généré par les guides de haute montagne sur ces 4 sites pris au hasard rapidement ? Voyez-vous souvent des guides de haute montagne coacher des clients à Céüse ? D’ailleurs on ne parle plus de client, mais de grimpeur ou même d’athlète très rapidement. Que faire de ces grimpeurs ? Les confier à un guide de haute montagne qui n’a pas une formation adaptée au coaching en escalade ? Pour les nouveaux secteurs de bloc que nous sommes en train d’ouvrir au Plan de l’Aiguille on fait comment ? J’ai des demandes déjà (que je pourrai satisfaire grâce à mon diplôme universitaire d’ailleurs, mais nous sommes peu dans ce cas). Quel pourcentage de guides de haute montagne sera compétent et prêt à encadrer 3 grimpeurs là-haut pendant 2 jours pour les conseillers dans leurs projets ?
Re-précisons que remettre en cause nos compétences sécuritaires pour ce type de sites d’escalade est absolument irrecevable. Nous ne demandons pas à pouvoir travailler sur la neige ou les glaciers.

Revenons à l’argent qui malheureusement semble être le noyau des peurs. Si j’en avais le droit, pensez-vous que je me précipiterais à encadrer tout l’été dans les grandes voies en 5 des Aiguilles Rouges de Chamonix ? Evidemment non et pour deux bonnes raisons :
– La clientèle touristique est trop peu nombreuse pour ce type de demandes.
Je gagnerais beaucoup plus d’argent en faisant du canyoning, de la via ferrata et des initiation escalade. En somme du boulot de BE saisonnier. Et ça beaucoup de guides de haute montagne l’ont bien compris depuis longtemps… sans que cela se passe mal avec leurs collègues moniteurs d’escalade, non ? Je connais bien et je trouve cette façon de travailler chiante, très chiante. Tant mieux car elle plait à beaucoup.

J’espère que ce texte aidera à faire baisser les tensions et permettra de faire avancer le débat. Il n’y a rien à opposer. Entraineur d’escalade et guide de haute montagne sont deux métiers différents… mais le premier cité est nouveau. Il répond à une nouvelle clientèle et ne veut rien voler à personne. L’escalade est devenue un sport à part entière, très souvent déconnecté du tourisme (sauf dans quelques vallées alpines).
D’autres actions vont suivre pas d’autres biais, pas uniquement médiatiques comme évoqué plus haut. A suivre !

PS : Les clients ça se pique pas, ça se perd…

😉

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