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Mignonnes de Maimouna Doucouré : un bon 15/20 pour ce film dénonçant l'hypersexualisation des ados

Par Bottines

Mignonnes Maimouna Doucouré 15/20 pour film dénonçant l'hypersexualisation ados

En acceptant l'invitation de l'agence Mensch à découvrir ce film, je m'attendais à être un peu dérangée, ce qui a en effet été le cas. Au travers des pérégrinations d'une bande de pré-adolescentes passionnées par la danse, la réalisatrice Maimouna Doucouré dénonce l'hypersexualisation de la société et l'exposition trop précoce des filles à des modèles inadaptés. Jusque là tout va bien. Mais la forme m'a d'abord laissée un peu perplexe. Avec les nombreuses scènes de danses lascives du film, et ses plans appuyés sur les fessiers et les bouches des jeunes filles, j'ai eu le sentiment que ce qui était dénoncé était ici trop montré voire "esthétisé".

Je me suis même interrogée sur l'idée de faire se trémousser de très jeunes actrices devant la caméra. N'est-ce pas contradictoire de dénoncer l'hypersexualisation des adolescentes en demandant à quelques unes d'entre elles de jouer le rôle d'ados aguicheuses ? Mais après réflexion, j'ai réalisé que le sentiment d'être dérangé sert largement le propos du film. Qu'en nous rendant coupables d'un "voyeurisme" de plus en plus insupportable au fil des minutes, on réalise encore davantage la nécessité que tout cela s'arrête.

S'ajoute à ce bon point la satisfaction de voir ce sujet traité au cinéma. D'autant plus qu'il se mêle intelligemment à d'autres thématiques telles que la polygamie, le décalage avec les traditions et le danger des réseaux sociaux, sans jamais alourdir le film. Jamais de pathos, tout est distillé assez délicatement pour nous présenter les problématiques et l'environnement des personnages, sans les excuser ni les juger.

La subtilité est aussi présente dans certains plans très intelligents, comme celui d'un costume traditionnel sénégalais (destiné à être porté lors d'un mariage polygame) posé à côté d'un costume de danse très sexy. Une façon d'opposer deux modèles de féminité aux antipodes l'un de l'autre, et entre lesquels le personnage principal, Amy (interprétée par Fathia Youssouf), se perd. Où se situe vraiment son chemin, sa liberté ? Car c'est bien là finalement l'idée principale du film : comment construire sa propre féminité, sans être aliéné ni par les obligations familiales/les traditions liberticides, ni par la société consumériste qui réduit la femme à l'état d'objet de désir.

Mignonnes de Maimouna Doucouré : un bon 15/20 pour ce film dénonçant l'hypersexualisation des ados

Venons-en maintenant à ce qui m'a sauté aux yeux pendant le film : l'énergie flamboyante des jeunes actrices, qui crèvent vraiment l'écran. La réalisatrice a rencontré 700 jeunes filles avant de faire son choix. Et ce soin porté au casting porte largement ses fruits. Toutes apportent spontanéité et malice au film, et leur jeu très naturel n'a d'égal que leur talent de danseuses. Leur énergie débordante et mal canalisée les rend tour à tour ultra attachantes et insupportables.

Si ce film ne manque pas de nuances, il pêche cependant parfois par manque de réalisme. Car bien que la réalisatrice explique que le film est le résultat d'une enquête de terrain, j'ose imaginer que les jeunes filles se voient obliger de venir habillées décemment au collège. Et qu'elles ne puissent pas s'inscrire seules à un concours de danse de ce type, sans l'accord de leurs parents. Outre ces petits détails sans réelle importance, je vous conseille grandement d'aller voir ce film puissant !

Fathia Youssouf, Médina El Aidi-Azouni, Esther Gohourou, Ilanah, Maïmouna Gueye, Myriam Hamma, Demba Diaw et Mbissine Thérèse Diop.Mignonnes de Maïmouna Doucouré
Avec
Sortie française : 19 août 2020

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