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Les Métamorphoses d'Ishtar relecture

Par Ishtar @nadjaproduction

 Paru une première fois en 1987, réédité deux fois 1988 et 2008. Je l’ai relu suite à l’explosion du 4 août dans le port de Beyrouth. Je n’aurai pas su le crier aujourd’hui tant ma tristesse est grande. #editiondunoroit #Guernicaeditions

André Marquis dans Lettres québécoises :

À l'instar d'Ishtar

Y a-t-il quelque chose de plus difficile que de faire référence dans un recueil de poésie à l'actualité politique mondiale, que de parler du Liban et de l'Ethiopie, de la guerre et de la famine? La culpabilité, la morale, le larmoiement, voilà autant de récifs! À ma très grande surprise, Nadine Ltaif a su éviter tous ces pièges et elle nous présente un livre bien structuré, d'une ampleur et d'une force insoupçonnées. Par le biais de la légende, du conte et du mythe, elle parvient à construire un ouvrage crédible qui a le mérite d'insérer tous les éléments

référentiels nécessaires, sans pour autant agacer le lecteur. Elle développe l'univers métaphorique à un point tel qu'il constitue une gigantesque allégorie.

Ishtar, dans les religions anciennes de l'Asie antérieure, représente la déesse de la fécondité et des combats, tandis que, chez les Phéniciens, elle correspond à l'Aphrodite grecque. Le livre reproduit une semblable évolution, puisque l'auteure insiste d'abord sur les horreurs de la guerre pour déployer, par

la suite, un sensualisme féminin. Les titres des diverses parties rendent compte de ce cheminement: «Lettre à l'Oie des Mille et une nuits», «Histoire du Chameau», «Les Sirènes», «Ishtar» et «Fleur de Grenade».

Dans Les Métamorphoses d'Isthar, les animaux prennent la parole, si bien que leurs discours dépassent aisément les frontières qu'élèvent entre eux les êtres humains. Par ses références aux Mille et une nuits et aux Contes de ma mère l'Oye, Ltaif donne le ton à son récit où se multiplient les superbes strophes sans que le charme ne cesse d'opérer: "Mais comment vous avouer que mon inspiration vient d'ailleurs, que je ne suis pas d'ici, même si j'aime un loup à Montréal, que ma langue vient d'ailleurs, que l'écriture est d'ailleurs, que mon rythme à moi n'est pas celui de l'hiver, mais que ma passion pour vous méfait changer de langue, et je parle et raconte, comme une femme arabe à une autre femme arabe, comme une oie à une paonne hospitalière, raconte et raconte les malheurs et les malheurs, et ma frayeur des fils d'Adam, (p. 33)"

La narratrice n'oublie jamais son passé, taché de sang, qui s'étale rouge dans sa mémoire.

Lettres québécoise, no 48, Hiver 1987-1988.


Les Métamorphoses d'Ishtar relecture

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