Titre : Le Père Porcher (Les annales du Disque-monde, tome 20)
Auteur : Terry Pratchett
Plaisir de lecture : Livre à découvrir
Les Annales du Disque-monde
Sur le Disque-monde, c’est la Nuit du Porcher : mais point de Père Porcher pour les enfants qui l’attendent. C’est un squelette avec fausse barbe et coussin en guise de ventre qui fait office. La Guilde des Assassins a reçu un contrat sur la tête du Père et l’a attribué au psychopathe Lheureduthé qui, de manière improbable, l’a rempli. Avec sa disparition, d’autres créatures magiques en ont profité pour apparaître.
Tout commence quelque part, quoi qu’en pensent beaucoup de physiciens.
Mais on sent confusément le problème que pose un commencement. On se demande tout haut comment les conducteurs de chasse-neige se rendent à leur travail ou comment les auteurs de dictionnaires vérifient l’orthographe des mots.
Avec « Le Père Porcher », Terry Pratchett propose le thème de Noël à sa sauce.
La Mort prend la relève au pied levé. Ce personnage est fascinant et je vous laisse imaginer les « HO. HO. HO » donnés avec sa voix sépulcrale ! Il refuse de suivre les conseils d’Albert, il agit comme il l’entend. Ce qui donne naissance à des dialogues succulents. La Mort-aux-Rats est aussi de la partie.
Suzanne Sto Helit est aussi impliquée, bien malgré elle. Malgré son caractère bien trempé et son bon sens à toute épreuve, j’avoue qu’elle reste encore énigmatique à mes yeux. L’université de l’Invisible fera aussi des siennes : le manque de croyance de ses illustres membres en le Père Porcher initie l’arrivée de divinités (Les Petits Dieux). Le pouvoir de ces dernières fluctue en fonction de la fermeté de la croyance des fidèles. La galerie est haut en couleur, avec entre autres, l’oh bon dieu des gueules de bois, la fée bonne humeur, le mangeur de chaussettes et celui qui fait « fait glinglanglinglanglinglan » avec des clochettes quand quelque chose de magique se produit.
Loin au-dessus de la ville, Albert se tourna vers la Mort qui avait l’air de vouloir éviter son regard.
« Vous avez sûrement pas sorti tous ces trucs-là de la hotte ! Pas les cigares, les pêches à la liqueur ni tous ces produits aux noms étrangers !
— SI, ÇA VIENT DE LA HOTTE. »
Albert lui jeta un coup d’œil soupçonneux. « Mais vous les avez d’abord mis dans la hotte, c’est ça ?
— NON.
— Vous les avez mis dedans, c’est ça ? affirma Albert.
— NON.
— Vous avez mis tous ces machins-là dans la hotte.
— NON.
— Vous les avez pris quelque part et mis dans la hotte.
— NON.
— Vous les avez bien mis dans la hotte, c’est ça ?
— NON.
— Vous les avez mis dans la hotte.
— OUI. »
Terry Pratchett nous donne une leçon cinglante sur l’esprit de Noël. Il décrit cette fête purement commerciale – notamment durant la scène dans le grand magasin – avec les menus spéciaux dans les restaurants, les animations dans les magasins. En satyre sociale, il évoque les écarts sociaux, le quid des croyances, la logique de l’offre, la fausse générosité et l’hypocrisie qui baignent cette période… mais à coup de grand humour ! Les pages humoristiques sont percutantes même si cela donne la sensation d’une intrigue un poil décousu car elle part dans tous les sens. Ce fond de réflexion mêlée à une bonne dose de légèreté repose sur des péripéties et quelques histoires qui se déroulent en parallèle. L’auteur a une vision très juste sur l’enfance et les enfants qu’il ne prend pas pour des idiots. Il intègre aussi le poids de l’imagination humaine.
« – C’EST L’EXPRESSION DE LEUR PETIT VISAGE QUI ME PLAÎT, dit le père Porcher.
– Vous voulez dire un mélange de trouille et d’admiration, comme s’ils se demandaient s’il faut rire, pleurer, ou mouiller leur culotte ?
– OUI. ÇA, C’EST CE QUE J’APPELLE CROIRE. »
Ce vingtième livre des Annales du Disque-monde est un bon cru pour moi (tous les tomes n’ont pas la même force à mes yeux). Même si la lecture du « Le Père Porcher » en première intention est largement conseillée, je pense qu’il est important de se familiariser avec le Disque-monde et son fonctionnement avant de l’ouvrir. J’applaudis encore le fabuleux travail du traducteur Patrick Couton. Ce livre est un conte de Noël à la sauce pratchettienne bienvenu !
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Et l’envers du décor : pour réaliser cette photo, j’ai reçu une aide indéniable
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Cette lecture est la sélection estivale aoûtienne de la part Valériane pour notre défi littéraire ; et d’une pierre deux coups, j’avance aussi dans mon challenge Fin de Série (j’ai encore de quoi faire avec la saga de Terry Pratchett).