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#2020RacontePasTaVie - jour 245, le livre du mardi : La Guerre du Péloponnèse de Thucydide

Publié le 01 septembre 2020 par Aymeric

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Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais la lecture occupe quelque place dans ma vie. A l'intérieur de cette place trônent en majesté une cinquantaine de livres. Et parmi ceux-ci, La Guerre du Péloponnèse de Thucydide.

Chef-d’œuvre absolu – n’ayons pas peur des mots – qui m’a pris par surprise et m’a laissé dans un état d’admiration à la fois hébétée et fébrile, soufflé en permanence que j’étais durant la lecture.

Je dis par surprise parce que l’achat du livre – je crois qu’il s’agissait de ma première Pléiade au passage – fut fait, non sur le nom de Thucydide mais sur celui d’Hérodote qui, comme visible sur l’illustration ci-dessus, partage avec Thucydide le contenu du volume de la collection Gallimard en papier bible.

Hérodote faisait partie des auteurs antiques régulièrement cités et conseillés par Paul Feyerabend, un philosophe des sciences que j’ai, fut un temps, passionnément lu. (Sans doute en parlerai-je.)

La volumineuse Enquête d’Hérodote fut découverte avec plaisir et même parfois plus que ça.
De son voisin de livre par contre je n’attendais rien n’en sachant pas grand-chose. Mais comme la Pléiade m’avait accompagné durant des vacances et qu’à un moment de celles-ci rien dans ma pile ne me tentait plus que ça, j’y ai jeté un œil.
Avant de m’y plonger complètement dans l’état décrit un peu plus haut.

La puissance, à la fois des questions évoquées et de la manière même dont elles sont abordées, m’a frappé d’une manière inédite.

Pêle-mêle et entre autres :

- la question de savoir si la Loi peut être sujette à contestation, devant s'effacer parfois telle la lettre devant l'esprit, et si ce qui découle de cet effacement ne finit pas par être la force plus ou moins justifiée.

- le débat sur l'utilité morale et pratique de la guerre préventive.

- la possibilité, voire l’obligation quasi mécanique parfois, pour la justice d'être féroce avec pourtant la cascade de catastrophes que cette férocité forcée entraîne.

- les effets de la guerre comme école de la violence, comme moment où s'inversent sens et valeurs dans un retournement aussi brutal qu'arbitraire. (et où la brutalité et l'action sans réflexion l'emportent – létalement – sur l'intelligence et la stratégie).

Une œuvre écrite il y a deux millénaires et demi et dont on se demandait en 2003, dans un ouvrage réunissant des articles des plus grands spécialistes anglo-saxons de la théorie des relations internationales, si « la théorie des relations internationales [avait] fait des progrès ostensibles depuis ».
Récit méticuleux de faits agencés de telle manière que l’Histoire y apparaisse comme une puissance tragique, captivante comme dans une pièce Shakespearienne.
Chef-d’œuvre absolu – n’ayons pas peur de répéter les mots dont on n’a pas peur – qui a traversé le temps qui presse pendant que votre patience s’use.


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