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Réflexions du et sur le costume et la coutume

Par Richard Le Menn

Réflexions du et sur le costume et la coutumeDernièrement, je lisais la Vie de Pyrrhon par Diogène Laërce (IIIe siècle), dans la traduction de Robert Genaille (Paris : GF - Flammarion, 1965). Pyrrhon (vers 365 - vers 275 av. J.-C.) est un philosophe de la secte dite " Sceptique ". Il aurait écrit un livre intitulé Images, dans lequel il dit que " L'apparence est reine partout où elle se présente. " Avant on lit que ce philosophe " n'est jamais sorti de l'habitude ", et après qu'il " suit ce qui apparaît " et " que nous choisissons souvent selon la coutume ou repoussons pour la même raison. Notre observation, dès lors, est aussi simple affaire de coutume. "

" RÉFLÉCHIR ", voilà un autre des très jolis mots appartenant à la langue française. Il signifie simultanément le reflet et la pensée. Cette dernière n'est-elle pas la réflexion de ce que les miroirs de notre âme et de notre entourage nous renvoient, des habitudes, le miroitement de la réalité, sa représentation ? Notre environnement crée des images dans notre esprit qui lui-même agit sur ce qu'il appréhende et se reflète en lui. Il en résulte un habitus (une hexis en grec) : une intégration et connaissance profonde participante de l'entourage. Il s'agit d'un jeu de miroirs qui scintillent en chacun. Ils brillent dans le déploiement du présent, qui se goûte par tous les sens, qui sont la manifestation concrète de cette danse brillante. Celle-ci s'exprime de différentes manières, comme à travers l'hexis corporelle, le jeu avec les codes nouveaux, la création, etc.

DISTINGUER : Il ne s'agit pas de pensée mais d'une intuition. Ce savoir, qui n'est pas qu'une histoire de classes ou de connaissances mais aussi de sensibilité et de finesse, est un des socles du bon goût. Par lui, on voit les choses avec distinction, ne les confond pas, ne mélange pas ce qui n'est pas fait pour l'être. C'est particulier à chacun. Nous avons tous des points de confort différents, la mode étant là pour harmoniser cette richesse incommensurable. Un des aspects de l'élégance française est la juste mesure entre la simplicité de ton et la sophistication, la connaissance de ces extrêmes qui n'en sont pas, le discernement : agir à bon escient... une pratique de gourmet de la vie. Les Romains appellent cela neglegentia diligens : une sorte de point de raccord entre l'abandon et la concentration (voir mon ouvrage sur Les Petits-maîtres du style, de l'Antiquité au XIe siècle).

Illustration du début de l'article : Gravure, frontispice de Dithyrambe sur l'immortalité de l'âme par Jacques Delille, Paris, Giguet et Michaud, 1809.


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