Tout juste disponible en VOD et Blu-ray & DVD, Wild Bunch propose de découvrir Mortal, un charmant conte super-héroïque du réalisateur de The Troll Hunter.
En Norvège, Eric Bergland se découvre des pouvoirs que la population locale pense d'ordre divins. Ecrit, réalisé et produit par André Øvredal, Mortal propose une relecture intéressante du super-héros en ayant cette particularité de se rattacher aux mythes nordiques pour un résultat intimiste et pertinent. Une belle découverte rafraichissante.
Mettant sur pause son épopée cinématographique sur le sol américain avec The Jane Doe Identity et Scary Stories, André Øvredal revient à sa terre natale pour retrouver ses premiers amours norvégiens comme The Troll Hunter pour proposer Mortal. Empreinte de l'ambiance norvégienne, tourné dans une nature immaculée et avec un casting majoritairement norvégien (à l'exception de Nat Wolff), le bonhomme nous emporte avec lui pour développer un propos dont les racines traditionnelles transparaissent intelligemment, même si le film aurait pu gagner en dynamisme.
God Hunters
D'une fraîcheur assez inattendue, Mortal propose donc la relecture du super-héros allègrement saupoudré de mythologie nordique. Avec la découverte des pouvoirs du protagoniste, joué par un Nat Wolff à la palette d'émotions appréciable (même si Robert Sheehan, pendant un temps convoité par le réalisateur, aurait été parfait dans le rôle), l'origin story est suffisamment maligne pour laisser le spectateur dans l'expectative.
À l'instar du personnage, on ne comprend les implications qu'au fur et à mesure de l'intrigue, alors qu'une brume épaisse pèse au-dessus des révélations. Néanmoins, certains arcs narratifs ou moments clés du scénario tombent comme de faciles évidences. Un livre pour enfants, une romance adéquate (même si Iben Akerlie est d'une justesse folle), une méchante stéréotypée, autant d'éléments qui ternissent un peu l'ensemble et facilitent trop l'avancée du scénario, bien aidés par un montage parfois charcuté.
© 2020 Mortal AS & Nordisk Film Production AS.Visuellement, Mortal se veut particulièrement contemplatif. A la manière de Terrence Malick, Øvredal filme la nature qui vient lécher ou craindre l'arrivée de nouveaux dieux. De scènes en huis-clos aux grands espaces vierges, la caméra est adroite, introspective mais jamais intrusive, elle se contente de suivre et d'analyser cette étude de personnages désabusés dans ce qui semble parfois friser le film de fan à gros budget.
Loin d'être péjoratif, le terme s'emploie devant des effets spéciaux inédits et joliment orchestrés mais qui manquent par moment de spectaculaire, d'ampleur, quand certaines séquences semblent carrément réalisées avec trois bouts de ficelle. À ce titre, si l'action est distribuée avec parcimonie, on regrette que le long-métrage soit si contemplatif qu'il en deviendrait presque lent, à tel point que la tension peine à s'insuffler dans les séquences définitivement trop doucereuses.
Une intrigue à références
Pourtant Mortal s'aventure avec charme dans le super-héroïque dans la découverte et la manifestation des pouvoirs du héros. Une première partie plus axée sur les évidentes références aux comics-book américains laisse ensuite place à un rite initiatique des plus original qui nous emporte loin des classiques sauveurs de l'humanité. Plus douloureuses que salvatrices, ces capacités montrent avant tout la souffrance d'un homme et par extension, d'un monde en peine.
Une parabole pertinente des croyances polythéistes éteintes mais qui mettraient à mal le conformisme du monothéisme en refaçonnant l'ordre établi. En cela réside la véritable force de Mortal, revisiter avec une douce nostalgie les légendes asgardiennes en restant au plus près de ses personnages, désespérément humains.
Lettre d'amour à la culture et aux mythes nordiques, Mortal reste une petite perle agréablement éloignée du carcan hollywoodien qu'on prendra plaisir à savourer comme un bon bol d'air frais, naturel.