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Hors-Jeu

Publié le 02 mai 2016 par Fabrice @poirpom

Dans l'excellent The Social Network de David Fincher (écrit par Aaron Sorkin), le personnage de Mark Zuckerberg définit le projet originel de Facebook en ces termes:

I'm talking about taking the entire social experience of college and putting it online.

Bizarrement, il n'y avait pas de meilleur point de départ (certes capilo-tracté) pour évoquer Hors-Jeu - un webdoc à collectionner. À jouer même, pour être pinailleur.

Pass-passe le oinj'

Plus que le football, c'est le web qu'il faut aimer et comprendre pour apprécier ce webdoc. Dont le principe est très simple et très compliqué: reproduire en ligne "l'expérience sociale" des albums Panini de notre enfance. Diviser le contenu (essentiellement vidéo) en une collection de cartes classées par thèmes. Si l'on a accès, au début, à certaines de ces cartes, pour voir le reste, il va falloir les trouver: en fouillant Twitter ou le forum, à la recherche des liens menant vers d'autres contenus - d'autres cartes. Qu'il convient, à son tour, de partager, pour que d'autres puissent y accéder. Comme les échanges de stickers à la récré pour compléter son album.

Ce n'est pas vraiment la nostalgie qui opère ici, mais plutôt l'intelligence du système proposé. Car ce dernier vient contrecarrer un travers des interwebs.

Hors-Jeu

Trolls are evil

Comment éviter les trolls et l'anti-jeu? En proposant un système où tout le monde y gagne. Tu as tout intérêt à ce que d'autres partagent leurs cartes pour accéder aux contenus. Et tu as tout intérêt à faire tourner tes cartes pour faire monter ta jauge de partages (offrant ainsi la possibilité d'avoir de nouveaux paquets de cartes). Tu as donc tout intérêt à ne pas être con. Et c'est très bien.

ATTENTION: les gens ne sont pas cons - évidemment. Ceci étant, lorsqu'un système laisse la place aux trolls, celui qui est fair play et prend les autres en considération garde forcément une amertume en constatant que son approche n'est pas celle de tous les autres - amertume fort humaine, à dire vrai. Dans Hors-Jeu, il n'y a pas ce problème à gérer. Récupérer ET faire tourner sont bons pour soi comme pour les autres.

Bien ouèj, les mecs. Vraiment.

Hors-Jeu

Dansez maintenant

Hors-Jeu

Comment apprécier le visionnage d'un docu saucissonné de la sorte? En étant plus fourmi que cigale. En attendant patiemment de compléter certaines collections (comme les pages d'un album) pour en apprécier la découverte ensuite.

Le contenu du doc est autant passionnant que frustrant. Et quand on est un ignorant fini en matière de football, c'est presque une claque dans la tronche. Rien de nouveau sous le soleil: lobbying, fric, magouille, matchs truqués, joueurs achetés, dépendance, dépression, espionnage (!!!)... Le sport du peuple se fait malmener. Là est le truc passionnant - émouvant: nombre d'interviewés vident leurs sacs. Les travers du système ont souvent eu raison de leur passion pour ce sport - pas toujours. Là aussi est le truc frustrant: ces mêmes interviewés restent le plus souvent dans le vague - sauf cas identifiés et médiatisés. Et certains d'entre eux sentent les activités douteuses à plein nez. Mais, encore une fois, ces mecs-là sont là pour parler, pas pour régler des comptes. Çà, c'est un autre boulot.

99 cartes. Plus de cinq heures de vidéo. Plus quelques articles. Et un site totalement cool.

Hors-Jeu

Tu veux frimer à la récré? Joue à Hors-Jeu. Et fais tourner tes cartes.

Rendre à César: ce webdoc est l'œuvre de David Dufresne, Patrick Oberli et des agaçants talentueux de chez Upian. Et proposé par Arte.

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