Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais il m’arrive de déclamer du russe.
Enfin plus ou moins du russe.
Je crois bien vous avoir déjà parlé de mon goût pour les décrassages à l’eau froide.
Tout dynamisants et agréables que soient ces coups de fouet thermiques, au moins après coup, l’entrée dans le bain ou sous le jet n’est pas toujours facile.
Il arrive assez souvent que, comme un encouragement spontané, sorte de ma bouche à gros volume une mélopée improvisée pleine de mots russes ou de sons ayant une vague ressemblance avec l’idiome slave.
Une forme de yaourt qui serait donc en l’occurrence moins bulgare que russe.
Peut-être faut il y voir l’influence souterraine du strip-tease de John Cleese – beaux mollets au passage – dans Un poisson nommé Wanda.
Ou alors est-ce d’avoir beaucoup chantonné Notre chère Russie de Nino Ferrer ou l’hymne soviétique en son hilarante version en phonétique française.
Mais après tout peu importe.
Ces sonorités estines auxquelles je tente de donner la profondeur d’un Fédor Chaliapine (à quelques octaves près, surtout au début) se marient à merveille avec les températures de ma toilette.
Et je reste fier, déclamant mon yaourt russe, malgré l’adversité, les moqueries familiales, le temps qui presse et votre patience qui s’use.