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Est-ce que j’ai toute votre attention ?

Publié le 18 septembre 2020 par Diateino

Est-ce que j’ai toute votre attention ?Notre capacité d’attention est l’objet de toutes les attentions des réseaux sociaux car elle a une valeur marchande ! L’attention, même limitée à quelques secondes, est au cœur du business model des plateformes numériques. Cédric Teychené le décrit ainsi dans ouvrage « Le Marketing de nos émotions » : « le modèle économique de ces plateformes gratuites dépend du temps passé en ligne pour collecter des données tandis que nous sommes sursollicités, elles savent se faire rappeler à notre bon souvenir ». Réussir à capter notre attention, bien plus que la qualité ou l’authenticité des contenus, est leur principal défi et les incite à être très créatifs ! Voici  quelques exemples de pièges classiques dans lesquels nous tombons tous. C’est ce fameux « petit tour rapide sur YouTube » qui se termine 1 heure plus tard en vidéos complotistes improbables… Cédric Teychené nous en livre quelques clés :

« Pilier du marketing des émotions, l’attention est devenue un bien rare et précieux. Comment la capter ? (…) En moins d’une décennie, notre consommation Internet a triplé, grignotant une part croissante du temps consacré à la télévision et aux autres supports. En 2019 dans le monde, le temps passé sur Internet a même officiellement détrôné le temps passé devant la télévision. Ainsi, l’enjeu des plateformes est d’avoir le maximum de visiteurs (audience) et de les garder en ligne (temps passé). Pour les internautes « lecteurs », le design web et les contenus ont pour objectif de les faire naviguer et cliquer aussi longtemps que possible. Pour les internautes « contributeurs », les plateformes ont été conçues autour d’un système de récompenses qui les pousse à poster toujours plus.

Est-ce que j’ai toute votre attention ?
Avant de fidéliser, il faut attirer sur les plateformes. Nous sommes ainsi entrés dans un système de notifications permanentes : des alertes pour des informations importantes, puis secondaires et désormais des rappels pour nous inciter à revenir. La peur de manquer quelque chose d’important (Fear of Missing Out) est apparue avec le développement des réseaux sociaux, nous incitant à rester inscrits et connectés. C’est ainsi qu’Instagram a lancé en 2016 des posts qui disparaissent au bout de 24 heures, les stories. Si l’internaute ne s’est pas connecté dans ce laps de temps, il les ratera. Le design des réseaux sociaux, et des sites web en général, joue sur les couleurs et la construction de l’information pour capter notre attention. Parfois sans nous laisser le choix, les plateformes nous imposent des contenus. Depuis 2014, les vidéos dans notre fil d’actualité Facebook sont par exemple lancées en autoplay : sans que nous ayons appuyé sur quoi que ce soit, la vidéo démarre toute seule. Pour nous inciter à répondre immédiatement, Facebook Messenger et Instagram indiquent à l’expéditeur lorsque le message a été lu. De la même façon, les « … » lorsque la personne rédige un message nous gardent attentifs dans l’attente de recevoir la réponse. »

Il apparaît que rien n’est laissé au hasard, surtout pas le choix des couleurs !

« Certaines couleurs sont plus efficaces que d’autres pour accrocher le regard. Précurseurs de la manipulation, les artistes ont compris bien avant les acteurs du numérique le pouvoir des couleurs. Au quotidien, elles ont en effet une influence sur notre humeur, nos envies et nos comportements. Les neurosciences ont révélé que ce ne sont pas les mêmes zones du cerveau qui sont activées lorsque les couleurs sont froides (bleu, vert) ou chaudes (jaune, rouge). Les couleurs froides apaisent, alors que les couleurs chaudes stimulent. Dans un flux continu d’images, les couleurs peuvent orienter notre regard. Pourquoi, depuis sa création en 2004, Facebook est-il bleu et blanc ? le fait que cette couleur soit la plus populaire dans le monde a joué en sa faveur. Le choix d’une couleur est loin d’être un détail ! En 2012, Google a testé 50 bleus différents pour les bandeaux de ses liens commerciaux. (…) Google a mesuré le nombre de clics pour identifier le bleu qui était le plus incitatif. Grâce à ce choix chromatique sur ses liens sponsorisés, Google aurait augmenté ses bénéfices de 200 millions de dollars en 2013 ! »

Il existe beaucoup d’autres trucs et astuces abondamment utilisés par ces plateformes, à chacun de faire preuve de discernement dans leur utilisation pour préserver sa capacité d’attention. En effet, cette dernière s’érode, il nous faut la gérer comme une ressource rare !


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