Shiva demande à la Déesse de lui enseigner la méditation.
La Koundalinî répond :
"Laisse tomber la forme
et pratique le Sans-forme, au-delà des formes !
Tout ceci [, dit-elle, en montrant le monde du doigt,] est un trésor.
Tout ceci est l'éclat de notre essence.
Qui désire l'abondance laissera tomber
toute (pratique) comme de la paille.
Toute (pratique) est inutile.
Ô Dieu, il n'y a rien dans le nombril, ni dans le cœur,
ni dans la face, ni dans le nez,
ni entre les sourcils, ni dans le front, ni dans le palais.
Il n'y a rien dans la luette, ni dans la tête, ni dans les yeux.
Ô Grand Seigneur ! Il n'y a rien dans les soixante-quatre chakras,
ni dans les cinquante (lettres de l'alphabet),
et je ne suis pas non plus en eux, Ô Seigneur des dieux.
Il n'y a pas de Shiva, ni de Vishnou, ni de Rudra, ni de Soleil.
Il n'y a ni Shiva, ni Shakti.
Ô Seigneur du Tout, cela est et cela n'est pas.
A quoi bon un chapelet ?
A quoi bon fermer les yeux ?
La conscience ne peut être atteinte
ni par la concentration, ni par la méditation.
Ô Dieu ! La Lumière immaculée n'est pas
dans le canal lunaire,
ni dans le canal solaire.
Ô Seigneur des dieux ! Elle n'est pas non plus dans le canal central.
Et pourtant, on parle de toute cela
comme étant des 'moyens de réalisation'...
(La réalité) est sans point de repère.
Même les dieux ne peuvent la saisir.
Elle est donc au-delà des formes,
par-delà l'au-delà.
On ne peut la méditer.
Elle n'est ni concentration, ni méditation, ni yoga de la (réalité).
Il n'y a ni inspir, ni expir, ni rétention (de la réalité).
Elle est libre du va-et-vient du souffle,
vierge de signes distinctifs et de définition."
Manthâna Bhairava Tantra, Yogakhanda, XIX, 83b-87