J’ai déniché ce poche dans la boîte à livres de ma ville l’an dernier. Je l’ai pris, à ce moment là, plus ou moins persuadée de l’avoir déjà lu… Tant pis, me suis-je dit, je le relirai. Mais je savais qu’il n’était pas dans ma bibliothèque, et j’avais envie qu’il y soit. Et alors que tout le monde lit Yoga du même auteur, en cette rentrée littéraire 2020, j’ai décidé de mon côté de faire de ce plus vieil opus ma lecture de PAL du mois. Très vite, j’ai du me rendre à l’évidence que je n’avais jamais lu ce récit, non plus que l’auteur d’ailleurs. C’est donc ainsi qu’Emmanuel Carrère, écouté il y a peu à La Grande Librairie, écrit, me suis-je dit de nouveau. D’une manière très intime et assez didactique. Je m’explique. D’autres vies que la mienne raconte en effet l’impact sur l’écrivain de deux morts assez violentes, celle d’une petite Juliette, alors qu’il est en vacances en Indonésie en 2004, et que se déclenche l’horrible tsunami, et celle de la sœur de sa compagne, prénommée elle aussi Juliette, d’un cancer, un peu plus tard. Or, il se trouve que cette jeune femme, d’apparence fragile, était juge d’instance au tribunal de Vienne (en Isère) et s’est battue, avec son collègue Etienne, pour préserver les droits des surendettés face aux grandes sociétés de prêts à la consommation. Voici donc Emmanuel Carrère se mettant en tête de nous en expliquer tous les tenants et aboutissants, les détails de la lutte, ainsi que les détails des contrats. J’ai trouvé, personnellement, que ces passages didactiques étaient un peu longs, et que même si ils donnaient de la consistance au personnage malade de Juliette, expliquaient son passé, sa force, ils n’étaient pas essentiels et perdaient un peu le lecteur. Et tout en appréciant par ailleurs ma lecture, je me suis demandée pourquoi on affublait certains récits féminins du terme autofiction et de littérature les récits masculins utilisant le même procédé. Vous avez remarqué ? Cela dit, étant bonne cliente du procédé, j’ai aimé, au final, lire ce récit qui m’a semblé sincère, pudique et à la fois littéraire et touchant. J’ai même versé ma petite larme face à cette conclusion qui résume tellement ce livre. Juliette avait trois jeunes enfants.
« Et moi qui suis loin d’eux, moi qui pour le moment et en sachant combien c’est fragile suis heureux, j’aimerais panser ce qui peut être pansé, tellement peu, et c’est pour cela que ce livre est pour Diane et ses sœurs. »
Editions Folio – avril 2013
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
Un roman lu dans le cadre de…