Le Mantra est un remède au bavardage mental.
La richesse, le pouvoir, la violence : rien ne permet d'échapper aux pensées. Sauf, par une sorte d'anesthésie factice engendrée par l'alcool, une drogue, la fatigue, le stress, etc. Mais c'est provisoire et ce remède est pire que le mal. Ainsi le divertissement est-il le pilier du monde humain.
Et si nous pouvions savourer un silence intérieur parfait, sans les inconvénients des ersatz habituels ? A la fois parfaitement silencieux et parfaitement conscient, sans drogue ni cabales ?
Je prends un Mantra. C'est-à-dire un son en mouvement : comme la vibration d'une corde de guitare, d'un "om", d'un soupir, d'un rouleau sur la plage, d'une bourrasque de vent, d'une moto qui passe. N'importe quel son qui va se perdre dans le silence.
Je pose mon attention dessus, attentif, comme un surfeur qui va prendre la vague, comme un passeur de relais. Je donne toute mon attention au son. Et quand le son disparaît, le bavardage intérieur disparaît avec lui. C'est très simple.
Et c'est une pratique tantrique traditionnelle :
"Dissous (le bavardage) à travers les phases d'un son (de plus en plus) subtiles,à la fin du mental.
Quand on est dans l'état de Shiva, dans l'état non mental,
éternel, incréé,
au-delà des facultés (individuelles),
on ne se fait plus de soucis pour rien."
Manthânabhairavatantra, Yogakhanda (1), XVIII, 51-52, édité par M. Diczkowsky dans Manthâna..., vol. 1, p. 439
Juste suivre le son jusqu'au silence. Planer, rouler, glisser.
Cela, je peux le pratiquer, ou plutôt l'explorer, avec un son que j'énonce, avec un son mental, ou avec un son qui se présente du dehors à l'improviste.
Ainsi je vais me cacher dans le silence, vivifiant et dans lequel tout devient bon. Le son vient du silence, résonne dans le silence vibrant et s'en va vers le silence, comme un nuage retourne au ciel. Le son n'est plus une agression, mais un allié qui me raccompagne au paradis.