Pourquoi aller voir des ruines ?
C’est la question que je me suis posée quand j’ai choisi cette exposition à la BNF. C’est aussi la question qui m’est revenue quand j’ai vu le nombre important de visiteurs ce dimanche.
Certains, sans doute, faisaient le voyage autour de la Méditerranée par le truchement de ces photos magnifiques, une sorte de tourisme dans une époque où le tourisme n’est pas chose aisée. D’autres avaient le sentiment d’explorer les origines de la culture occidentale : temples, théâtres, tombeaux, images liées à la mythologie… D’autres encore y cherchaient la majesté de colonnes dressées vers le ciel, les aqueducs surlignant l’horizon, le tracé de routes pavées qu’on n’emprunte guère aujourd’hui…
Les photos de Josef Koudelka semblent flotter dans cette salle de la BNF, vues panoramiques qui en imposent, colonnes effondrées, ouvertures grignotées, murs s’effritant presque sous nos yeux, statues mutilées… Et une seule silhouette humaine, comme égarée, parmi toutes ces pierres, ces marbres.
Et, puisque le photographe lui-même dit que les ruines sont notre avenir, une pensée m’a obsédé pendant toute cette visite : que restera-t-il du bâtiment lui-même où je regarde ces photos, où je vais au milieu d’elles comme cherchant mon chemin dans un labyrinthe ? L’arbre au premier plan d’une photographie montrant le Pont du Gard semble m’indiquer un début de réponse : il ne restera peut-être que le jardin-forêt implanté dans son coeur.