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L'incivilité des fantômes de Rivers Solomon

Publié le 19 octobre 2020 par Fromtheavenue
L'incivilité des fantômes - Rivers Solomon - traduction de l'américain par Francis Guévrenont - Le livre de poche - Septembre 2020
Il y a presque un an déjà, nous allions pour la première fois au festival des Utopiales de Nantes. Nous y avions découvert le superbe roman de Rivers Solomon. Sa sortie en poche en septembre dernier est l'occasion de republier ici ce que nous en avions pensé.
Ecrite par une personne transgenre noire américaine, cette science fiction magistralement dépeinte nous raconte l'histoire d'Aster.
Dans un vaisseau spatial colossal, l'humanité cherche une terre plus hospitalière que celle, en ruine, qu'elle a quittée il y a fort longtemps. A l'intérieur, des ponts se sont organisées, comme autant de strates qu'il y a de lettres de l'alphabet. Avec en bas, les plus pauvres et les plus noirs et en haut les plus riches et les plus blancs.
On suit les aventures de cette femme à la peau matte notamment sur le pont Q. Celle-ci sait soigner et connaît plusieurs formes de sagesses anciennes que sa mère, décédée, et sa tante (cuisinière entre autres) lui ont transmises. La dédicace qui précède le premier chapitre prend son sens très vite : "A ma mère et à sa mère et ainsi de suite jusqu'à Eve". De générations en générations les femmes vont imaginer des solutions pour contrer le racisme, la violence, l'ignorance.
En créant une langue remplie de secrets, voire même une infinité de langues qui se mélangent d'un pont à l'autre, le roman nous fait entrer dans une profondeur poétique incroyable. Dans le même temps, la violence est omniprésente et celle que les hommes infligent aux femmes est quotidienne. Les plus pauvres d'entre elles travaillent aux champs, cultivables grâce à la chaleur faiblissante d'un petit soleil artificiel dont l'énergie diminue progressivement. Et tout en bas, il fait un froid glacial et les plus défavorisés peinent à survivre.
Grâce aux carnets que sa mère a laissés derrière elle, Aster entrevoit une manière nouvelle de décoder les signes et peut-être d'envisager un espoir au milieu de cette obscurité insondable. 
Très lentement, on se dirige ainsi vers une fin ineffable et bouleversante.
Ces fantômes vous accompagneront longtemps. Car même s'ils sont dans l'espace, ils nous parlent de nous sur la terre ferme.
Ce livre, c'est un cri dans la nuit. Inoubliable.
L'incivilité des fantômes - Rivers Solomon - traduction de l'américain par Francis Guévrenont - Le livre de poche - Septembre 2020

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