Magazine Culture

Montmartre 1964. Dexter Gordon

Publié le 24 octobre 2020 par Assurbanipal

Storyville Records.

Sortie vendredi 20 novembre 2020.

Enregistré en concert au Jazzhus Montmartre, à Copenhague, Danemark, pour la télévision danoise (1-4. 28/07/1964) et la radio danoise (5-7. 20/07/1964)

Dexter Gordon: saxophone ténor, chant (2)

Tete Montoliu: piano

Niels Henning Orsted Pedersen (NHOP): contrebasse

Alex Riel: batterie

En 1964, Dexter Gordon (1923-1990) commence la belle vie en Europe, au Danemark, à Copenhague. Là-bas, il ne souffre pas du racisme, il a coupé les ponts avec les dealers, les musiciens sont de qualité, le Jazzhus Montmartre (le club existe toujours) l'accueille à bras ouverts et les Danoises aussi.

En extrait audio au dessus de cet article figure un autre enregistrement de Dexter Gordon en concert au Montmartre en 1967 avec deux Américains (Kenny Drew au piano et Art Taylor à la batterie et un Danois, Bo Stief à la contrebasse).

En 1964, Dexter Gordon est toujours le plus grand saxophoniste ténor de l'histoire du Jazz (6 pieds 6 pouces soit 1m98 sous la toise. Son surnom " Long Tall ") mais il ne cherche plus à innover. Innovateur, il le fut dans les années 1940 en étant le sax ténor du Be Bop, le père spirituel de John Coltrane et Sonny Rollins. Dans les années 60, il maintient haut et clair le son Hard Bop accompagné ici d'un trio européen de classe internationale: l'Espagnol Tete Montoliu au piano, les Danois NHOP (18 ans et déjà génial) à la contrebasse et Alex Riel à la batterie.

Au répertoire, trois de ses compositions: " King Neptune " (1), bel hommage pour une ville portuaire comme Copenhague, " I want more " (5) annoncé en anglais et en danois par Dexter qui comprend un solo vertigineux de contrebasse par le jeune Maître NHOP (" le grand Danois avec un nom interminable " disaient les musiciens) et enfin " Cheese Cake " (7) chef d'oeuvre tiré de son album culte " " (Blue Note, 1962).

Seule concession à l'époque. Une Bossa Nova; " Manha de Carnival " (3) de Luis Bonfa jouée de façon plus virile que Stan Getz, devenu millionnaire grâce à cette musique.

Pourquoi les Danoises craquaient-elles pour Dexter? Pour son apparence (1m98, bien taillé et toujours sapé comme un prince), pour ses yeux bleus, pour sa voix grave, pour sa gentillesse et pour la façon dont il jouait les ballades au saxophone ténor.

Sur cet album " Montmartre 1964 ", figure un superbe exemple avec une interprétation de " Misty " (6) d'Erroll Garner, la musique obsessionnelle du premier film de Clint Eastwood comme réalisateur " Play Mysty for me " (1971. " Un frisson dans la nuit " pour la version française).

Dans cette version de " Mysty ", Dexter Gordon puis Tete Montoliu nous livrent chacun leur tour un solo à tomber à genoux. C'est beau, suave, sensuel, irrésistible. Comment les Danoises auraient-elles pu résister à autant de charmes unis en un seul homme, Dexter Gordon?

Dexter Gordon a vécu jusqu'à 1976 à Copenhague devenant l'ami du couple Ulrich et le parrain de leur fils Lars (1963). Lars Ulrich, le batteur de Metallica. Qu'a retenu Lars de Dexter Gordon, l'homme et le musicien? Il faudrait le lui demander tant Metallica semble éloigné du Hard Bop.

Le livret de l'album " Montmartre 1964 " raconte plein de souvenirs de musiciens danois à propos de Dexter Gordon, de son séjour au Danemark, de son intégration à Copenhague, de sa relation avec les jeunes musiciens & de son charme magnétique sur les Danoises. Manifestement, Long Tall a laissé un excellent souvenir de son passage au Royaume du Danemark.

Dans la vidéo ci-dessous, Dexter Gordon joue en club en Europe en 1963-1964. En Belgique, Suisse, aux Pays Bas mais pas au Danemark. Cela commence avec Dexter Gordon arrivant au club où sa rythmique a déjà commencé à chauffer la salle: les Suisses Georges Gruntz (piano) & Daniel Humair (batterie, toujours en activité en 2020) et le Français Guy Pedersen (contrebasse). Installez vous confortablement. Coupez les téléphones. Eloignez les enfants et toute autre facteur de perturbation sonore. parle et joue. C'est la quintessence du Jazz. Rien à ajouter.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Assurbanipal 3096 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines