Alice et le Maire est un film français de Nicolas Pariser, sorti en 2019, avec Fabrice Luchini dans le rôle du Maire de Lyon et Anaïs Demoustier dans celui d’Alice – un rôle qui lui a d’ailleurs valu le César 2020 de la Meilleure Actrice.
En voici la brève présentation sur la couverture du DVD :
Le maire de Lyon, Paul Théraneau, va mal. Il n’a plus une seule idée. Après trente ans de vie politique, il se sent complètement vide. Pour remédier à ce problème, on décide de lui adjoindre une jeune et brillante philosophe, Alice Heimann. Un dialogue se noue, qui rapproche Alice et le maire et ébranle leurs certitudes.
Mon avis très subjectif :
Le sujet de ce film est essentiellement politique et intellectuel. Il s’agit de soulever un certain nombre d’idées non seulement dans l’esprit du Maire mais aussi et surtout dans celui du spectateur. Et il faut reconnaître que certaines des questions posées sont intéressantes : la politique devrait-elle être plus modeste et viser moins haut ? Comment rénover les valeurs de la Gauche pour qu’elle concerne à nouveau le peuple ? L’écologie est-elle une des nombreuses composantes de la Gauche ou est-elle son unique avenir valable ? Une trop grande lucidité peut-elle rendre fou ? La politique est-elle impuissante à changer la vie des gens ? La politique doit-elle se contenter de régler les petits problèmes concrets de ses administrés ou doit-elle aussi se charger de grands idéaux et principes ? Etcetera Etcetera.
Toutes ces questions ne sont pas inutiles et le film a le mérite de les poser d’une manière intelligente qui ne prend pas le spectateur pour un imbécile.
Malgré tout, il me semble que des thèmes aussi abstraits et intellectuels auraient davantage leur place dans un essai politique ou littéraire (où toutes ces questions pourraient être décortiquées et analysées) que dans un film de cinéma.
J’ai l’impression que le langage du cinéma (images, sons, mouvements, attitudes, couleurs) est ici un peu délaissé au profit des dialogues et des mots explicitement écrits ou parlés.
Par exemple, il y a très peu d’images de ce film qui m’ont marquée alors que je l’ai regardé il y a à peine quelques heures.
Pour éviter le côté statique et ennuyeux de faire discuter les personnages devant un bureau pendant 1h40, le réalisateur a introduit beaucoup de scènes de déambulations dans les coins et recoins de la Mairie : en particulier Anaïs Demoustier passe et repasse maintes fois dans des multitudes de couloirs. Mais c’est un dynamisme factice qui n’empêche pas l’immobilité de l’action et surtout l’absence quasi totale d’intrigue.
Ce film se situe dans une certaine tradition du film politique à la française et je pense en particulier au Sens de L’Etat (2011) ou à Quai d’Orsay (2013) mais ces deux précédents me paraissaient plus convaincants, plus crédibles et mieux ficelés, l’un dans le genre dramatique et l’autre plutôt comique.
Si certaines séquences sont agréables dans Alice et le Maire et que le film se laisse regarder dans l’ensemble sans déplaisir, il manque tout de même un fil conducteur dans cette histoire, un enjeu qui accrocherait notre intérêt.
Reste que les deux personnages principaux sont sympathiques, qu’on s’attache à eux, et que leur tandem fonctionne pas mal.
Un film que je conseillerais aux socialistes amateurs de philosophie et détestant les films d’action !